#19 / Appropriations habitantes de l’événement Arde Lucus : la romanité réinventée au service de la célébration d’un monument du patrimoine mondial, l’enceinte romaine de Lugo (Galice, Espagne)
Elodie Salin
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La multiplication des festivités, événements culturels et artistiques depuis les années 1980-1990 en Europe est un fait largement étudié par les chercheurs de plusieurs disciplines (Di Méo, 2001, 2005 ; Gravari-Barbas et Jacquot, 2007 ; Gravari-Barbas, 2009). Ces études permettent de décrire et d’analyser les politiques touristiques et culturelles dans un contexte néo-libéral de concurrence entre les villes (Chaudoir, 2007) et mettent en exergue l’instrumentalisation de l’événement urbain pour en célébrer la mémoire, l’identité ou l’appartenance renouvelée (Laferté, 2000, Gwiazdzinski, 2011).
Les événements de reconstitution historique saisissent, quant à eux, la ville dans l’espace et dans le temps et, tout en soulignant l’importance de sa portée économique et touristique pour réactiver l’attractivité urbaine, s’inscrivent dans les registres sociaux, politiques et symboliques empruntés à la problématique de la « réinvention de la tradition » de Hobsbawm (1995). La question de l’émergence d’une nouvelle identité urbaine, vecteur de cohésion sociale et fondée à partir d’éléments patrimoniaux partagés ou conflictuels, pourra être posée à travers l’étude de l’événement festif Arde Lucus.
Arde Lucus est une fête d’intérêt touristique et de reconstitution romaine née en 2001 dans la ville de Lugo en Galice, au nord-ouest de l’Espagne. La presse régionale1 présente les festivités d’Arde Lucus, événement récurrent du mois de juin depuis 22 éditions, comme « un voyage au temps des conquêtes romaines » qui interpelle en raison du nombre d’associations locales présentes et du fait de la participation d’une grande partie de ses habitants. Le nom d’Arde Lucus signifie « Lucus brûle ! », Lucus évoquant le nom antique de la ville de Lugo (Lucus Augusti) et le verbe ardere signifiant « brûler, briller » et renvoyant à l’image festive de la ferveur et du flamboiement de la ville transcendée par la fête.
Avec ce festival, la ville de Lugo propose une fête de reconstitution historique, assez classique dans la forme, qui implique à la fois une participation active d’une grande partie de ses habitants et la célébration d’une narration romaine autour d’un monument antique, l’enceinte romaine, reconnue comme étant une des plus complètes et les mieux préservées de l’architecture militaire de l’Empire romain d’Occident. Construite à la fin du IIIe siècle pour défendre la ville romaine de Lucus Augusti, l’enceinte romaine a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial en l’an 2000 suite à un long processus de patrimonialisation. En Espagne, comme en France, l’engouement pour le patrimoine local s’analyse à différents échelons, en raison du soutien des communautés autonomes, des provinces2 et des communes, à des événements culturels, où l’on peut lire à la fois l’appropriation citoyenne et d’autres formes plus politiques telles que les revendications autonomistes des populations.
Conséquence directe de l’inscription UNESCO de l’enceinte de Lugo, l’événement Arde Lucus, dans sa dimension patrimoniale et touristique, est porté dès les origines en 2001 par le Conseil municipal de Lugo et par la Communauté autonome Xunta de Galicia, auxquels s’ajoutent les acteurs privés du tourisme les associations et les habitants de la ville. Les chiffres de fréquentation de l’évènement Arde Lucus sont estimés à 600 000 visiteurs (chiffres de 2019, Municipalité de Lugo) et en constante augmentation hormis la période de pandémie. On note également une internationalisation des participants et un taux d’occupation de « 95 % à 100 % » (Ibid., 2019) des hébergements touristiques lors des trois jours de festivités de juin 2023. Traditionnellement située au printemps pour débuter la saison touristique, l’événement permet une appropriation de l’histoire et des patrimoines romains sur le mode du living history grâce aux associations de reconstitueurs d’allégeance romaine ou castrexa (représentants des populations autochtones des villages – castros – pré-romains). La ville de Lugo et ses vestiges romains font figure de scène essentielle pour l’événement qui se déploie dans et autour du centre-ville historique afin de promouvoir le lieu mais aussi afin de fixer des récits dans l’espace urbain de manière pérenne notamment à travers le street art.
La fête peut être lue comme un discours récurrent sur le territoire, afin de reconstruire « le temps d’avant » sans reproduction à l’identique (Crozat, 2009). Si l’authenticité des costumes, décors et gestes reproduits par les reconstitueurs pourrait être interrogée (Alonso González et González Álvarez, 2013 ; Belloso Martín, 2021) afin de replacer Arde Lucus dans le champ des études historiques et sociologiques ibériques, nous préférons ici le prisme de l’appropriation de la fête et de la narration par les habitants. La question serait alors de savoir si la participation citoyenne à l’événement reflète une appropriation patrimoniale de l’enceinte romaine de Lugo, contribuant ainsi à la singularisation de la ville dans ses dimensions symboliques et économiques via le récit de sa romanité, et d’explorer les formes urbaines, éphémères ou durables, engendrées par cet événement ainsi que les motivations derrière l’engagement des citoyens dans cette « fête-discours » (Crozat, 2009). On pourra ainsi s’interroger sur la portée spatiale, politique et réconciliatrice de la fête de reconstitution historique Arde Lucus. Le lien entre événementialisation et patrimonialisation sera ainsi filé afin de comprendre, de manière dialectique, comment la fête participe à l’invention et à la construction des lieux patrimoniaux.
Cette étude s’inscrit dans un programme de recherche pluridisciplinaire sur les enceintes romaines dans les villes européennes de Rome, Lugo et le Mans en lien avec l’inscription UNESCO3 afin de comparer les dispositifs de médiation et d’appropriation citoyennes et touristiques de ces patrimoines fortifiés. La présente étude s’appuie sur une observation participante de plusieurs éditions de l’évènement, sur une enquête réalisée auprès des publics de l’édition 2023 et sur une vingtaine d’entretiens avec les participants et les associations d’Arde Lucus.
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L’évènement Arde Lucus à différentes échelles de signification
La ville de Lugo et la narration de sa romanité
La ville de Lugo aime à rappeler aux visiteurs qu’elle est triplement inscrite à l’UNESCO, pour son rempart romain datant de la fin du IIIe siècle de notre ère (Inscription Unesco 2020), comme ville étape du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle et pour sa cathédrale située sur ce même itinéraire de pèlerinage (Inscription Unesco 2009). De nombreux pèlerins passent en effet par la ville de Lugo avant d’arriver à pied dans la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle située à une centaine de kilomètres. Néanmoins, c’est autour de la romanité que la ville de Lugo entend se démarquer de sa prestigieuse voisine, plus connue pour son pèlerinage chrétien. Le récit de la romanité est porté par les autorités de la ville et la Xunta de Galicia grâce à de nombreux vestiges romains, mis en valeur par des musées et centres d’interprétation aux alentours et dans la ville intra-muros de 34,4 hectares (voir figure 1). Parmi eux, c’est surtout l’enceinte romaine, large de 6 mètres et surplombée par un chemin de ronde qui frappe les visiteurs par sa monumentalité et sa reconnaissance internationale. La patrimonialisation des remparts romains, d’époque tardive (IIIe-Ve siècles), en dépit de leur importance aujourd’hui, n’a pas été facile, en raison leur caractère jugé massif et peu esthétique – le cas de l’enceinte romaine du Mans, entièrement décorée, fait figure d’exception. Les remparts romains, lorsqu’ils sont préservés en Europe, l’ont été parce qu’ils ont été longtemps invisibilisés par des habitats précaires, des entrepôts, ateliers, garages (Abel Vilela, 2011) situés contre les murs. Les remparts romains sont paradoxalement des marqueurs identitaires pour ces villes, tout en ayant été considérés pendant longtemps comme des obstacles à leur développement urbain (Bertrand, 2024). La narration autour de la romanité de la ville de Lugo s’appuie sur une patrimonialisation progressive des vestiges romains et une redécouverte de l’enceinte depuis près d’un siècle ayant entrainé des restaurations majeures des tours et des portions du mur endommagées. Elle est aussi célébrée, de manière festive, une fois par an depuis 2001, faisant rayonner la ville à une échelle nationale et internationale, comme un écho de l’inscription de 2000 et comme une appropriation post-inscription du rempart par ses habitants qui le considèrent comme scène essentielle et cadre de référence de la ville (enquête MURUS, 2023).
L’appropriation par les habitants de la ville de Lugo du mur romain, monument antique le plus spectaculaire de la ville, trouve son expression la plus visible et la plus prégnante à travers l’engouement pour l’événement Arde Lucus. En effet, l’événement, porté par 19 associations qui défilent en costume durant trois jours aux pieds de l’enceinte, s’appuie très clairement sur la scénographie monumentale du mur qui accueille pour l’occasion les spectateurs sur le chemin de ronde et en contre-bas, au niveau de la déambulation des défilés. Le monument reconnu par l’UNESCO en 2000 s’inscrit dans une narration autour de la romanité, attestée depuis les débuts de la patrimonialisation de la ville grâce à son enceinte et aux multiples traces de ce passé muséifié mis en valeur dans la ville, notamment par des fenêtres laissant deviner les vestiges (voir Fig.1) ou des marquages au sol retraçant les contours des vestiges disparus (porta Mina).
La mise en scène d’Arde Lucus, d’une durée de trois jours, s’inscrit pleinement dans la ville intramuros : les campements des associations4, le temple devant lequel sont célébrés les mariages celtes et romains, parfois entre personnes de même sexe, les étals des vendeurs de produits liés à la fête, les divers spectacles (combats de gladiateurs, concerts) ainsi que ses rues et ruelles décorées où déambule la foule en quête de restauration et de consommations alcoolisées. Les remparts marquent un franchissement largement parcouru durant les festivités car ils constituent le lieu des parades où se mêlent touristes, visiteurs, enfants des écoles costumés et associations romaines et castrexas. Enfin, les alentours immédiats font également pleinement partie des festivités : pont romain situé hors carte et lieu de la bataille inaugurale, parc extramuros où se situent plusieurs campements castrexos et ancien cirque romain (esplanade), secteur où se joue la bataille finale entre les deux camps. Les rôles des protagonistes costumés et la scène urbaine s’inscrivent dans le jeu et les temporalités de la fête, que l’on pourrait qualifier de théâtrale, mais où les signifiants plus politiques, jouant sur des identifications multiples et portés par le gouvernement régional et la municipalité, expriment aussi la montée en puissance des discours autonomistes et régionalistes présents dans toute la péninsule ibérique (Rodríguez-Hernández et González-Álvarez, 2021).
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Les fêtes de reconstitution d’inspiration romaine : de la « réinvention de la tradition » à la posture politique ?
Les fêtes de reconstitution historiques (romaines et médiévales) se sont multipliées en Espagne depuis plusieurs décennies, gagnant en visibilité, en participation citoyenne et se hissant au rang de fêtes d’intérêt touristique international (Alonso González et González Álvarez, 2013).
Nous pouvons lire cet engouement depuis les années 2000 comme l’affirmation ludique et politique d’une identité partagée par plusieurs régions espagnoles. Certaines régions ont fait le choix de revivre en costume l’époque de l’âge de fer, comme l’atteste une étude sur le Festival de la Lune Celtique à Solosancho (Province d’Ávila) : la scène non-urbaine est celle d’un paysage culturel riche en vestiges archéologiques et la narration est centrée uniquement sur l’histoire des communautés Vettones préromaines (Rodríguez-Hernández et González-Álvarez, 2021). Les auteurs discutent l’auto-identification des participants à ces peuples de l’âge de fer, utilisés par le gouvernement régional pour la promotion du tourisme (Ibid., 2021). Arde Lucus à Lugo, fête de reconstitution d’époque romaine, est par ailleurs loin d’être unique dans les régions de Galice, Asturies et Cantabrie espagnoles5). La présence de nombreux monuments romains en Galice et plus particulièrement dans la ville de Lugo infléchit l’événement de reconstitution historique étudié dans cet article, vers sa forme plus classique et plus ancienne de l’affrontement entre Romains et castrexos, peuples préromains (Galiciens, Cantabriques, Asturiens).
Les 19 associations de reconstitueurs de la ville de Lugo sont plus ou moins récentes et sont toutes nées à la suite de l’inscription de l’enceinte romaine sur la liste du Patrimoine mondial en 2000. Constituées de bénévoles, elles montrent un fort ancrage local, participatif et un attachement à la ville de Lugo et à ses patrimoines archéologiques et historiques. Les associations, présentes sur les réseaux sociaux, ont permis de donner une nouvelle impulsion au tissu associatif culturel de la ville et de renouveler l’engouement populaire, à travers une forte participation habitante, pour l’histoire à travers des évènements festifs de la reconstitution historique (Entretien Municipalité de Lugo, 2022).
Au-delà du caractère ludique, festif et touristique, l’évènement Arde Lucus, comme d’autres évènements du même ordre, sert aussi, à travers les discours sur le passé réinventé porté en grande partie par les habitants et les associations, à la légitimation de politiques culturelles patrimoniales et à l’affirmation d’idéologies contemporaines dans un contexte politique et identitaire plus large de revendications autonomistes. Plusieurs auteurs rappellent ainsi l’importance du contexte autonomiste et régionaliste dans les provinces espagnoles pour expliquer la recherche de nouvelles légitimités historiques à travers ce type de festivité (Alonso González et González Álvarez, 2013 ; Rodríguez-Hernández et González-Álvarez, 2021). Le déplacement des associations de reconstitueurs dans des villes espagnoles où se déroulent également des festivités costumées, consolide ce modèle évènementiel urbain et sa circulation en Espagne. Il renseigne l’adhésion des populations aux discours ludiques et identitaires portés par la fête de reconstitution historique. Le renforcement de l’identité de la communauté à travers ce que Hobsbawm intitule la « réinvention des traditions » (Hobsbawm, 1983) fait naître des narrations historiques régionalistes servant les intérêts politiques autonomistes. Cette instrumentalisation du passé va donc au-delà de la célébration de l’inscription UNESCO du mur romain, scène essentielle lors de l’évènement de Lugo. L’évènement Arde Lucus est néanmoins également au service de l’attractivité et du tourisme dans une logique d’émancipation par rapport aux villes côtières et surtout par rapport à la ville de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Lugo, ville moyenne de Galice, est souvent restée dans l’ombre des grandes villes côtières et de sa voisine renommée. L’évènement est donc au service de la ville, de ses patrimoines romains et castrexos, mais aussi de son projet politique.
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Les habitants de Lugo durant Arde Lucus : entre appropriation et évitement
Une implication des habitants dans Arde Lucus
La participation des habitants dans les différentes fêtes de reconstitution historique, en Espagne notamment, est attestée par de nombreux chercheurs qui soulignent l’implication de plus en plus forte des locaux dans l’organisation de l’évènement (Belloso Martín, 2021). Nous en proposons ici une lecture à travers la cohésion sociale et l’émergence de véritables communautés patrimoniales engagées tout au long de l’année dans la fabrication de costumes mais aussi dans la reproduction à l’identique de gestes : tissages, luttes, combats, danses, chants, cuisine, recherche d’une authenticité dans les costumes, construction de camps en bois, de mobilier etc…. À l’image d’autres événements d’histoire vivante, les visiteurs et les participants abandonnent, pour une partie d’entre eux, leur rôle de simple spectateur pour participer, en se costumant et en participant activement aux défilés et aux activités proposées (Ibid., 2021). Le mot anglais de re-enacment, convoqué dans la littérature espagnole sur les patrimoines culturels et immatériels et l’histoire vivante (Fernandez-Ramos et al., 2022 ; Cortadella, 2011) résume à lui-seul cette posture d’acteur d’une histoire se réclamant d’une certaine rigueur historique. Le prestige de chaque association se mesure d’ailleurs à la véracité des costumes, à la qualité des tissus et des artefacts, au capital symbolique revendiqué pour légitimer leurs discours : « mon fils est historien, c’est le directeur d’un musée d’histoire. Nous nous sommes documentés pour améliorer les outils de tissage que nous utilisons ici. Vous voyez une reproduction d’un tissu qui est au castro de Villalonga, c’est un musée » (Entretien avec Marisol, Lugo, juin 2023). Marisol, du centre d’artisanat de Lugo, organise un défilé de mode romaine lors de sa première participation à Arde Lucus en 2019, « nous faisons un travail de recherche sur le terrain, dans les musées, toujours. Nous avons presque une ligne de recherche ! Nous sommes assez rigoureuses, nous copions exactement les motifs… » (Ibid., 2023).
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L’enquête réalisée en juin 2023 auprès de 149 personnes, nous montre une certaine fidélité des visiteurs proches, habitants de Lugo, des alentours et de la Province, qui viennent depuis au moins 5 éditions assister en partie aux 400 manifestations proposées et restent à 54 % les 3 jours de festivités. La fête est considérée d’abord comme un évènement à partager entre amis (42 % des répondants) puis en famille (32 %). Sur les 149 personnes ayant répondu à l’enquête, 57 % se costument : en castrexos (32 %) et Romains (25 %), les autres ayant d’autres costumes n’appartenant pas à ces catégories. Le caractère festif est indéniablement celui qui revient en premier lors des mots-clés demandés puisqu’il est cité plus de 42 fois, soit dans presque un tiers des réponses. La fête est souvent caractérisée comme « historique » (romaine et castrexa), « culturelle », « ludique », « divertissante », « spectaculaire », « amusante », « intéressante » et « touristique ». Les qualificatifs qui attestent d’une participation et d’une inclusion de la population locale sont aussi présents avec les mots de « implication sociale », « participation », « immersion » et « englobante ». Néanmoins, les critiques de la part des répondants sont aussi nombreuses et le nuage de mots ci-dessous permet d’en saisir les grandes lignes : le sentiment de foule et de « trop de gens » surtout dans les rues le soir venu, le caractère massif et trop touristique est pointé et engendre des attitudes de repli et d’évitement (« nous partons de la ville »), les nuisances (« bruits, drogues, saturation, disneylandisation… ») inhérentes à toutes les grandes manifestations empiétant sur la tranquillité des riverains. L’évènement « bon pour le tourisme mais bondé pour les habitants » résume une partie des points de vue des habitants. Un des paradoxes est néanmoins celui du fort taux de personnes costumées qui déambulent dans les rues de la ville, surprenant le primo-visitant, alors même qu’il est impossible d’acheter un costume sur place lors des festivités. Le caractère mercantile de l’évènement reste limité aux hébergements, à la vente d’artefacts divers comme les couronnes de fleurs et autres décorations de cheveux, à l’alimentation et la vente d’alcool, comme en attestent les nombreux bars débordant dans les ruelles de la vieille ville.
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Les modes performatifs et des secteurs codés et signifiants
Les fêtes acquièrent une dimension performative pour contribuer à créer socialement de la valeur et du sens (Crozat et Fournier, 2005). Le mode performatif de la fête, nécessaire pour comprendre les positionnements et les identités, peut être lu comme un dépassement de la représentation, comme une « fiction collective », une manière d’être authentique (Crozat, 2009). Il se traduit en pratique, à la manière d’une « pensée en action » (Lussault, 2000). Dans les fêtes de reconstitutions historiques romaines en Espagne, les participants se distinguent par deux postures, celle des castrexos, qualifiés aussi d’« indigènes » (Alonso González et González Álvarez, 2013) et celle des Romains. Cette dernière, plus ancienne et plus répandue à travers les festivités semblables en Europe, apparait comme sensiblement plus large car elle inclut des notables (sénateurs, matrones romaines), les militaires de deux types (légionnaires et garde prétorienne) et les esclaves. La construction sociale et spatiale des registres autochtones s’autonomise quant à elle des registres historiques classiques, s’inspirant des traditions celtes, d’un folklore auréolé de magie et de mystère et teinté d’images cinématographiques d’inspiration vikings ou barbares. Les castrexos symbolisent l’altérité par rapport à la figure du Romain, les deux étant conformes à l’imaginaire collectif (Ibid., 2013). La plupart des associations se réfèrent néanmoins à des sources archéologiques et incorporent progressivement des nouvelles activités pour les visiteurs dans chaque campement. À Lugo, durant l’événement Lucus « toute la ville s’implique, la ville vit Arde Lucus, tous vont costumés » (Entretiens avec les associations d’Arde Lucus, mai 2022). Cette implication de tous est une des caractéristiques majeures de l’événement.
Spatialement les différences apparaissent également dans la scénographie urbaine des campements des associations répartis autour de la centralité historique de Lugo dans une zone intramuros et une zone périphérique extramuros. Les camps des castrexos, sont situés pour une grande majorité dans un parc à l’extérieur de l’enceinte romaine, alors que bon nombre des camps romains se situent dans la zone centrale intra-muros de la ville (voir figure 1) ce qui correspond historiquement aux villes fortifiées d’époque tardive dont la fonction était d’accueillir les troupes militaires. Les défilés et les ateliers proposés aux visiteurs et aux habitants débordent par ailleurs la ville fortifiée et s’étendent vers le camp des castrexos, situé dans le parc Rosalía de Castro, et au-delà vers l’ancien cirque romain qui devient la scène de la bataille finale entre les deux clans sur l’esplanade du pavillon municipal (voir figure 1).
Les camps, romains ou castrexos, sont construits en bois ou faits de tentes. Lorsqu’il s’agit d’une architecture en dur les maisons romaines reproduisent les intérieurs des maisons patriciennes ou des architectures fac-similées des temples et des frontons à colonnades tandis que les huttes castrexas sont de formes circulaires. Les associations des militaires romains établissent leurs campements quadrangulaires, imposants à l’image des camps de campagne de l’armée romaine, architecturalement plus travaillés, avec des coursives formant un chemin de ronde (devant l’hôtel de ville) ou des tentes imposantes rappelant les édifices du pouvoir de Rome (pour le camp des sénateurs). Ils rappellent dans leur matérialité le caractère civilisateur du Romain, l’ordre, le progrès, la propreté, la force et le pouvoir. Les défilés sont bien ordonnés et les hommes marchent au pas comme il se doit dans une légion ou une garde prétorienne.
À l’inverse, les « barbares » apparaissent comme des « hordes » aux codes moins définis. La figure de l’individu s’efface au profit de celle de la tribu et fait corps autour de revendications diverses mais toujours ancrées dans le présent. Une des valeurs primordiales au regard du travail et de l’investissement des reconstitueurs est celle de l’amitié et plusieurs parlent de famille d’adoption pour souligner les liens qui les unissent. Une des associations, composée exclusivement de femmes, mêle deux revendications au service des intérêts du présent : le combat contre l’envahisseur en prenant le nom d’une reine celte Boudicca, reine des Icéniens ayant combattu l’Empire romain après le décès de son mari dans la région de Norfolk en Grande-Bretagne (60-61) et symbolisant aujourd’hui une autre forme de résistance à laquelle s’ajoute une revendication féministe luttant contre une domination de genre et une masculinité incarnée ici par le camp romain et faisant écho aux courants féministes et à la lutte contre les violences faites aux femmes de manière plus globale.
Si les deux camps ont adopté les tambours pour rythmer les défilés, c’est avant tout « pour se frayer un passage dans la foule » qui encombre les rues étroites de la vieille ville comme l’explique un participant d’une des communautés. La dimension festive, qui rappelle les tambours de la batucada brésilienne est bien évidement anachronique.
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Marqueurs de l’espace urbain et appropriation d’une double narration
Double narration sur la scène urbaine : César et la guerrière castrexa
L’irruption de personnages historiques qui n’apparaissent pas dans les sources classiques a été attestée par plusieurs auteurs dans les fêtes de reconstitution historique du Nord de l’Espagne. L’exemple du héros préromain, luttant contre Rome est mis en scène afin de servir des idées contemporaines d’opposition à un pouvoir central, le faisant ainsi vivre dans le présent (Alonso González et González Álvarez, 2013). Néanmoins, à Lugo durant l’Arde Lucus, on assiste à une confrontation des narrations romaines et castrexa portées par les habitants et les autorités de la ville sans qu’une figure castrexa plus signifiante que les autres n’emporte la narration et sans que le héros préromain ne soit véritablement incarné dans une figure identifiée. En revanche, l’irruption du personnage de César, aux côtés de Paullus Fabius Maximus (à qui la tradition attribue la fondation de la ville dans la dernière décennie de notre ère), symbole de la puissance romaine et de la conquête par Rome, n’est pas attestée par les historiens. « César n’a jamais mis les pieds dans cette région et la date ne coïncide pas avec l’édification de l’enceinte au IIIe siècle après JC » (Entretien associations, 2023). Ceci n’empêche néanmoins pas plusieurs participants, dès le début des années 2000, de se costumer en César ou en imperator, avec sa couronne de lauriers. Moins dupliqué dans les éditions plus récentes, la figure de César reste néanmoins un élément essentiel de la narration officielle de Arde Lucus en 2023. Jules César, présent aux côtés de la mairesse de Lugo et des élus de la ville, est joué officiellement par un habitant de l’association des sénateurs SPQL.
Son ancrage anachronique est également présent toute l’année dans l’espace public. Représentée sur un mural en 2021, la figure de Jules César reste incontournable pour la scénographie romaine. Néanmoins, dans l’espace public comme dans la narration de Arde Lucus un rééquilibrage a eu lieu pour contrebalancer la visibilité romaine dans la ville. À la demande des habitants, une castrexa anonyme a été peinte en 2023 par Pallín (Yoe) sur une autre façade d’un immeuble de la ville, visible depuis le chemin de ronde de l’enceinte. Le mural de la guerrière a été plusieurs fois retouché par l’artiste devant le débat public, quant à l’esthétisme et la véracité des attributs de la guerrière, suscité lors de la création de l’œuvre. Au final, c’est avec une certaine rigueur historique, validée par les experts et archéologues du Musée provincial et de la direction du patrimoine de la Xunta de Galicia, qu’est apparue la figure féminine de la guerrière castrexa. Les attributs que sont les bijoux, costumes et armes sont ainsi conformes à ceux des peuples préromains de Galice. Les deux fresques ont été reconnues et primées par la communauté de Street Art internationale (#streetartcities) à la suite d’une consultation faisant participer les publics sur Instagram. Les tonalités grises et vertes du mural sont présentées par la presse locale comme respectueuses de la protection patrimoniale de la muraille toute proche. Les deux fresques sont présentées comme les deux visages du passé de la ville mettant en avant l’événement Arde Lucus et la ville de Lugo sur la scène internationale et provoquent des commentaires élogieux sur les réseaux sociaux. La mairesse de la ville de Lugo, Lara Méndez, ajoute que les fresques sont « déjà un autre patrimoine artistique de Lugo afin de renforcer son image de ville transformée en musée à ciel ouvert où le conseil municipal a pris l’engagement d’embellir les espaces publics par l’art urbain » (El Progresso, 02/06/2023). La place des femmes est également réaffirmée par le choix de cette figure féminine qui permet de rendre hommage d’après les autorités municipales au « rôle des castrexas dans la défense de leurs terres dominées par les Romains » (Ibid., 2023) mis en parallèle du rôle des femmes dans l’Arde Lucus « avec quatre associations composées entièrement de femmes » (Ibid., 2023) légitimant le prix Tourism Women Friendly6obtenu par la municipalité en 2021.
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L’enceinte romaine mise en scène
L’implication des touristes dans l’évènement joue un rôle dans l’attachement aux lieux, attachement émotionnel qui varie en fonction du rôle joué par le touriste du simple visiteur à l’acteur costumé prenant place dans la narration historique des lieux. Le cadre urbain, véritable scène le temps de l’événement, est également important pour comprendre le succès et l’adhésion des publics. Afin de mettre en scène la ville, les places et les parcs ont été réquisitionnés pour installer des camps et pour une statuaire romaine parfois éphémère. L’histoire vivante vise alors à transformer un objet quotidien, un monument, d’une manière qui évoque le sens de l’histoire et donc l’empathie (Carnegie et Mccabe, 2008) pris dans le sens de l’empathie historique qui entraine une connexion affective, une contextualisation et une ouverture d’esprit face aux autres cultures. L’enceinte romaine, tout comme le pont romain dans Arde Lucus, sont alors incarnés par une culture populaire comme des espaces célébrés de la puissance romaine ou au contraire contestés comme l’acte inaugural de Arde Lucus qui rejoue l’affrontement entre castrexos et Romains sur le pont (hors carte). L’enceinte en elle-même devient un décor qui n’a plus besoin de ses acteurs et de ses figurants costumés pour porter le message de l’attractivité touristique comme on le voit sur l’affiche Arde Lucus 2018 (voir figure 6).
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Sur un rond-point à l’entrée de la ville historique, deux statues de soldats romains sont érigées le temps de l’évènement chaque année. Une statuaire plus pérenne scande également l’espace urbain de la ville (statue des fondateurs de la ville, Paullus Fabius Maximus et l’Empereur Auguste sur la place centrale de Lugo, 2007, figure 10). L’évènement Arde Lucus a donc une double orientation car il permet une lisibilité romaine et castrexa de la ville, rappelant ses origines et parce qu’il appuie les politiques culturelles et patrimoniales de Lugo. Le double mouvement de patrimonialisation et d’évènementialisation de la patrimonialisation (le rempart comme espace scénique) vont de pair. Les postures d’évitement des habitants déjà mentionnées peuvent également faire jour dans l’espace public patrimonial comme en atteste le tag « romani ite domum » (« Romains, rentrez chez vous ») inscrit en latin sur un mur donnant sur le chemin de ronde de l’enceinte (figure 11). Ce tag, jamais effacé renvoie à plusieurs interprétations allant d’un film culte des Monty Python à une référence aux tags tourismophobes des villes sujettes au surtourisme.
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Conclusion
Dans le cas des villes patrimoniales, les fêtes de reconstitution historique peuvent être vues comme une solution pour les gestionnaires pour créer de l’attachement aux lieux des habitants et des visiteurs. Les formes d’activités de reconstitution, qu’elles soient ludiques ou expérientielles « créent un ensemble unique d’interactions entre les paysages, les communautés locales, les touristes et les organisations patrimoniales » (Carnegie et Mccabe, 2008). Si la véracité ou l’authenticité de la fête peuvent être critiquées, car la mémoire collective se construit au besoin contre la vérité historique (Crozat et Fournier, 2005), c’est pourtant bien l’expérience de l’événement qui est ici à prendre en compte et la possibilité de faire communauté autour d’une narration romaine et castrexa. Les participants, qu’ils soient habitants, écoliers, visiteurs ou touristes, sont alors capables de créer de nouvelles communautés dans le présent, en créant des idées partagées sur le passé et en s’appuyant sur la culture matérielle, nécessitant des investissements personnels et servant leurs besoins et intérêts actuels. La distinction entre castrexos et Romains polarise les habitants sans les opposer, si ce n’est dans le jeu des batailles et des affrontements reconstitués pour les publics. Et si on peut lire dans la presse que les nationalistes se costument plus volontiers en castrexos, la mairesse de la ville revêt, en fonction des cérémonies, l’un ou l’autre des deux costumes. Le passé préromain constitue une référence essentielle pour les identités contemporaines dans plusieurs régions d’Espagne, notamment en relation avec la montée des discours nationalistes et régionalistes (Rodríguez-Hernández et González-Álvarez, 2021). Outre la dimension politique et identitaire de l’événement, qui est soutenue depuis sa création par la municipalité, la viabilité et le succès d’Arde Lucus s’estiment aussi à l’attractivité touristique générée pour la ville de Lugo. L’engagement des autorités aux côté des associations de reconstitueurs se met alors au service de la ville, transformée en scène urbaine le temps des festivités. La permanence de cette narration reste pourtant prégnante dans la ville qui joue sa renommée sur son passé romain et sur le monument phare, l’enceinte romaine de Lugo, au cœur de l’événement (figure 9).
ELODIE SALIN
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Elodie Salin est géographe, Maîtresse de Conférences à Le Mans Université, rattachée au laboratoire Espaces et Sociétés (UMR ESO 6590 CNRS) et chercheure associée à l’EA EIREST – Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Co-directrice du master GTDL (Gestion des territoires et développement local), membre de Icomos France et de l’Institut des Amériques. Ses thèmes de recherche s’intéressent aux politiques de protection et de gestion des patrimoines ainsi qu’à ses articulations avec les processus de mise en tourisme. Ses approches sont celles de la géographie sociale et culturelle et s’inscrivent également dans le large champ des recherches participatives. Son regard sur les patrimoines de l’Unesco (naturels, culturels, immatériels) l’a amené à étudier des territoires latino-américains et européens.
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Couverture : Défilé des écoles et des collèges lors du festival Arde Lucus 2023 au pied de l’enceinte romaine, Lugo, Espagne (Elodie Salin, juin 2023)
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Bibliographie
Abel Vilela A., 2011, A muralla romana de Lugo, na documentación dos séculos XVI ao XX, Députación de Lugo, 679 p.
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Belloso Martín C., 2021, « Investigaciones y debates en torno a las recreaciones históricas » in Díaz, Rodríguez Becerra, Panero García (dir.), Pensar la tradición : homenaje al profesor José Luis Alonso Ponga », 951-979.
Bertrand E., Savariau C., Durand A., Bernolin V. et Miot, F., 2024, « Les enceintes romaines tardives : des médiations nouvelles pour un objet patrimonial récent (Le Mans, Lugo, Cologne, Trêves, Rome) » in Morice, J.R, et al. (dir.) Nouvelles lectures patrimoniales, les pays de la Loire au miroir de l’Europe, Rennes, P.U.R, 229-240.
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Cortadella J., 2011, « Los grupos de recreación histórica (historical re-enactment) », in J. Vidal et B. Antela (dir.), La guerra en la Antigüedad desde el presente, Zaragoza. Libros Pórtico, 91-139.
Crozat D. et Fournier L., 2005, « De la fête aux loisirs : événement, marchandisation et invention des lieux », Annales de géographie, 643, 307-328, en ligne.
Crozat, D., 2009, « La performativité́ pour dépasser la représentation (ou tout un monde à s’inventer) », Conférence en février 2015, en ligne.
Di Méo G. (dir.), 2001, La géographie en fêtes, Paris, OPHRYS, 270 p.
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Gravari-Barbas M. et Jacquot, S., 2007, « L’évènement, outil de légitimation de projets urbains. L’instrumentalisation des espaces et des temporalités évènementiels à Lille et Gênes », in Géocarrefour, vol. 82.
Gwiazdzinski L., 2011, « La ville par intermittence : des temps de la fête à un urbanisme des temps », Cidades, Revista cientifica, volume 8, n°13, 318-335.
Hobsbawm E. et Ranger T., 1983, The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 324 p.
Hobsbawm E., 1995, « Inventer des traditions », Enquête 2, en ligne.
Laferté G., 2000, « Le spectacle historique de Meaux (1982-2000) l’invention locale d’un modèle national », Génèse, n°40, en ligne.
Lussault M., 2000, « Action(s)! », in J. Lévy, M. Lussault (dir.), Logiques de l’espace, esprit des lieux. Géographies à Cerisy, Paris, Mappemonde/Belin, 352 p.
Mălăescu, S., 2021, “Place Attachment Genesis: The Case of Heritage Sites and the Role of Reenactment Performances” in V. Katsoni and C. van Zyl (dir.), Culture and Tourism in a Smart, Globalized, and Sustainable World, en ligne.
Rodríguez-Hernández J.D. et González-Álvarez, 2021, « Luna Celta: historical re-enactment, central Spain: Iron Age alive !”, International Journal of Heritage Studies, 27:2, 134-150.
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Sitographie
Site de l’Unesco, consulté en juillet 2023.
Site du Progreso de Lugo, consulté en juillet 2023.
Sites de Arde Lucus, @ardelucuslugo, consulté en juillet 2023.
Site de #streetartcities, consulté en juillet 2023.
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Pour citer cet article : Salin E., 2024, « Appropriations habitantes de l’événement Arde Lucus : la romanité réinventée au service de la célébration d’un monument du patrimoine mondial, l’enceinte romaine de Lugo (Galice, Espagne) », Urbanités, #19 / Urbanités événementielles, en ligne.
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- El Progreso de Lugo, La Voz de Galicia, El Diario de Lugo. [↩]
- L’Espagne compte 50 provinces (provincias), et certaines sont regroupées en communautés autonomes (17) et disposent d’une plus grande autonomie par rapport au pouvoir central. Elles sont dirigées par une députation provinciale. La Galice fait partie des communautés autonomes avec un statut de nation historique et elle est composée de 4 provinces dont celle de Lugo. [↩]
- MURUS (2022-2024) programme de recherche financé par la MSH Ange Guépin 2022-2024 (dir. Elodie Salin et Estelle Bertrand, Université du Mans ; remerciements aux chercheuses en anthropologie de l’Université de Saint-Jacques de Compostelle, Campus de Lugo, Elena Freire Paz et Marta Veiga Izaguirre). [↩]
- Les sources antiques attestent que les villes fortifiées de l’Antiquité tardive ont assurément accueilli des troupes, par conséquent la présence de campements intramuros n’a rien d’incongru. [↩]
- On peut citer d’autres fêtes de reconstitutions comme : Guerras Cántabras (Los Los Corrales de Buelna, Cantabria), Fiestas de Astures y Romanos en Astorga (León), Festival Astur-Romano de La Carisa en Carabanzo (Asturias), Ludus Bergidum Flavium en Cacabelos (León), Mercado Astur- romano de Santibañez de Vidriales (Zamora [↩]
- Le prix Tourism Women Friendly, est promu par l’organisation Mujeres para el Diálogo y la Educación (MDE), pour la visibilité des femmes dans les fêtes de loisirs historiques. [↩]