Appel #1 / Urbanités souterraines
Mars 2013
Dans ce numéro inaugural, la revue Urbanités s’attaque au problème de la ville en le prenant à l’envers, et questionne les modalités d’existence d’urbanités souterraines, ainsi que les formes spatiales et les pratiques qui leur sont associées.
Ce qui nous intéresse dans ce numéro c’est la partie immergée de l’iceberg, c’est à dire les espaces urbains souterrains qui constituent le complément, le prolongement et le reflet des espaces urbains de surface. Le monde urbain souterrain, c’est l’ensemble des espaces que l’on produit, construit, déconstruit ou abandonne sous la surface des villes. Tous les espaces, sans distinction de fonction pratique ou symbolique, qui existent dans le sous-sol des villes, et qui participent du fonctionnement de la ville, sont concernés. Toutes les pratiques sociales et culturelles qui sont associées à ce monde souterrain relèvent aussi d’une urbanité souterraine.
Le monde urbain souterrain est fait d’espaces singuliers, mais aussi de réseaux en tous genres. Ces espaces urbains souterrains peuvent être des espaces d’habitation ou de refuge, on pensera ainsi aux habitats troglodytes, aux cours des miracles, aux cryptes, aux catacombes, mais aussi aux abris antiaériens ou antiatomiques. Il peut s’agir des parkings, des centres commerciaux ou des cinémas, autant d’espaces produits par un urbanisme souterrain moderne, qui a entrepris de rationnaliser les réseaux existants sous les villes. Les réseaux souterrains renvoient non seulement aux réseaux techniques, comme les égouts et plus largement l’ensemble des canalisations apportant à la ville les ressources nécessaires à la vie quotidienne des habitants, qu’elles se fassent via des tuyaux, des câbles ou des fibres ; mais aussi aux réseaux de circulation, tunnels de voies ferrées ou routières, et passages souterrains. Il s’agit aussi de tous les lieux qui font le lien entre les espaces souterrains et les espaces urbains de surface, à l’instar des bouches d’égout, de tunnels ou du métro, et qui seuls permettent une respiration, une articulation entre ces deux mondes. Ils abritent des pratiques sociales, économiques et culturelles singulières, qui génèrent des formes d’urbanités souterraines.
Ces espaces urbains souterrains ne semblent avoir de fonction qu’en ce qu’ils constituent l’envers de la ville : fonction d’abri, de refuge, de défense – catacombes ou abris antiaériens –, fonction de relégation de populations indésirables, ou d’évacuation d’activités jugées consommatrices d’espaces – transports – ou de flux perçus comme dangereux ou indésirables en surface – eaux usées, déchets, électricité, gaz… Pour autant, le monde souterrain des villes n’est pas dénué d’urbanité, il est au contraire partie prenante de la ville, il s’inscrit en continuité et en complémentarité avec celle-ci, même si c’est parfois dans une relation de dépendance, de domination, voire d’exclusion.
C’est le statut de cette urbanité que nous souhaitons interroger dans ce premier numéro, et sa relation avec les urbanités de surface. Les pratiques associées à ces espaces de relégation ou de refuge font-elles des urbanités souterraines des urbanités marginales ? On pourra s’intéresser par exemple à la façon dont ces marges souterraines, ces antimondes et ces bas-fonds sont le lieu d’élaboration de nouvelles pratiques sociales, politiques et culturelles – voir la notion d’underground. L’analyse de la référence à ces espaces dans les productions littéraires et artistiques sera bienvenue, de la cour des miracles de Notre-Dame de Paris aux égouts new-yorkais dans Batman. Il s’agira véritablement de questionner les modalités d’existence et les manifestations d’urbanités souterraines dans le monde, soit les espaces et les lieux concernés dans leurs dimensions matérielles et techniques, et les pratiques culturelles et sociales, individuelles ou collectives qui produisent ces espaces et s’y reproduisent, et interrogent la possibilité d’habiter sous terre.
Date limite d’envoi des propositions (maximum une page) : le 1er décembre 2012.
Envoi des propositions à l’adresse revue.urbanites AT gmail DOT com
Le numéro #1 d’Urbanités, Urbanités souterraines, est disponible depuis mars 2013 sur le site de la revue.