Urbanités africaines / Portfolio : Rien ne se perd, tout se récupère ! Pour une reconnaissance des récupérateurs informels de Casablanca
Pascal Garret et Bénédicte Florin
Le portfolio de P. Garret et B. Florin au format PDF
Cette série de photographies a été réalisée lors d’un travail de recherche, d’observations et d’entretiens mené depuis 2011 avec les géographes Bénédicte Florin et Mustapha Azaitraoui auprès des récupérateurs de déchets informels de Casablanca. Nous intéressant à leurs histoires de vie, itinéraires et pratiques professionnelles, nous sommes allés à la rencontre de ces récupérateurs et très rares sont ceux qui ont refusé l’entretien et la prise de vue1.
Au contraire, leur envie de parler nous a semblé particulièrement forte et les retours successifs sur place en 2105, 2016 et 2017 ont toujours donné lieu à des retrouvailles chaleureuses. Au total, une trentaine d’entretiens à passages répétés ont été réalisés et cette proximité au terrain a été privilégiée par rapport aux documents officiels (peu nombreux) ou aux sources médiatiques, afin de saisir au mieux les savoir-faire de ces hommes et femmes qui sont peu ou pas reconnus par la société.
Délestant la ville d’une grande partie de ses rebuts, recyclant eux-mêmes et alimentant l’industrie formelle de la valorisation des déchets, ces récupérateurs revendiquent aujourd’hui une requalification de leur métier et de leur image. En effet, ces derniers désirent être reconnus dans leur activité car ils estiment contribuer à la protection de l’environnement : nous évaluons que, grâce à eux, 20 à 30 % des déchets ménagers de Casablanca (près de 4 000 tonnes quotidiennes) échappent à une simple mise en décharge2.
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Nous avons donc suivi avec intérêt les réactions et discours qui émanent de ces récupérateurs face aux réformes et politiques publiques qui tendent davantage à leur exclusion qu’à leur intégration : nouveaux dispositifs de collecte, modernisation des systèmes de gestion, arrestations, brimades, confiscation de leur matériel, etc. Mais nous avons aussi prêté attention aux formes de contournement, de résistance, voire de mobilisation, qu’ils mettent en œuvre contre ces nouvelles contraintes et réformes (Florin, 2015).
Les images liées aux déchets et aux « travailleurs des déchets » (Corteel et Le Lay, 2011) mettent trop souvent en scène la déchéance humaine et les conditions dégradantes de leurs activités avec pour toile de fond le paysage effrayant de la décharge, rendant parfois compte d’un esthétisme de la misère3… Au contraire, par ces portraits et ces poses volontaires devant le photographe, nous souhaitons mettre en lumière des travailleurs débarrassés du stigmate lié à l’ordure et témoigner de leur dignité à partir d’une démarche qui relève davantage du documentaire et de la photographie sociale engagée plutôt que de la vision artistique. Ceci explique que tous les portraits présentées ici sont contextualisés par le travail d’entretiens qui a été mené parallèlement aux prises de vue.
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Estimés à plus de 5 000 pour la seule ville de Casablanca, les bouâra sont des récupérateurs qui travaillent en ville avec leurs charrettes pour récupérer dans les poubelles tous les matériaux susceptibles d’être recyclés ou revendus4. Ils sont aussi appelés mikhalaou habbacha, littéralement « ceux qui fouillent », notamment dans la décharge de Médiouna où ils sont environ 700.S’il y a sans doute toujours eu des récupérateurs dans les décharges, notamment celle de Sidi Moumen5, aujourd’hui fermée, le nombre de récupérateurs en ville s’est accru depuis une vingtaine d’années en raison, d’une part, de la pauvreté dans les campagnes et, d’autre part, de la demande croissante en matériaux par l’industrie du recyclage. Les récupérateurs sont donc, pour partie, originaires de bourgs ruraux et pratiquent des migrations alternantes entre ville et campagne en fonction des récoltes — la collecte des déchets constituant un revenu supplémentaire indispensable pour leurs familles. D’autres sont nés et vivent en ville,collectant pour survenir à leurs besoins. Quoi qu’il en soit, pour tous, il s’agit d’une activité dans laquelle on entre en raison de la pauvreté, même si les positions ne sont pas figées.
Ces récupérateurs font face à de nombreuses difficultés telles que les relations conflictuelles avec les habitants et la police qui peut les verbaliser et même confisquer leurs charrettes. La multiplication récente des conteneurs enterrés dans les quartiers les plus aisés de la ville6 rend également de plus en plus difficile l’accès aux déchets.
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Comme la circulation des ânes et des chevaux est interdite en centre-ville, les bouâra y collectent à pied, tirant eux-mêmes leurs charrettes. Un bouâr peut faire à pied jusqu’à cinq tournées de récupération par jour, soit plus d’une trentaine de kilomètres. Ils fournissent en matériaux recyclables de nombreux petits dépôts intermédiaires localisés dans les quartiers populaires bordant l’ancienne médina de Casablanca. Cette situation centrale permet aux récupérateurs de vendre leur collecte sans avoir à aller jusqu’aux grands quartiers de récupération, tous situés à la périphérie du Grand Casablanca7. Les récupérateurs travaillent souvent de nuit, pour être plus tranquilles et parce que le trafic est moins dense. Ces dépôts sont donc également en activité une bonne partie de la nuit.
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Situé aux limites sud-est de la métropole casablancaise, le quartier des récupérateurs de Lahraouiyine (cf. carte), est quasiment invisible de l’extérieur. La plupart des récupérateurs vit sur place dans des cabanes où l’eau courante est absente et où l’électricité est fournie par de rares groupes électrogènes ou des branchements illégaux. Malgré cet isolement du reste de la ville, les activités de récupération de Lahraouiyine sont pourtant directement reliées à l’économie urbaine par les va-et-vient quotidiens des charrettes des bouâra et les nombreux camions des grossistes qui y achètent tous les matériaux recyclables. Ces circulations témoignent bien que, malgré leur indésirabilité8, les récupérateurs sont incontournables en tant que fournisseurs en matières premières secondaires de l’industrie formelle du recyclage.
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Vaste de 22 hectares, le quartier des récupérateurs de Lahraouiyine s’ouvre sur les champs au sud et à l’ouest où se situe aussi une école, seul service public visible. Ce quartier est constitué de 70 gelssas qui sont des enclos de tailles diverses entourés de palissades (tôles, bâches, planches ou déchets séchés compressés)9. Leurs patrons louent ces terrains à une famille de propriétaires terriens, mais tous savent que l’expansion urbaine et les projets de lotissement menacent à court terme leur présence et leurs activités.
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Les quartiers aisés du centre-ville leur étant plus difficiles d’accès, certains récupérateurs préfèrent collecter dans des quartiers populaires périphériques, notamment ceux d’habitat non-réglementaire ou de logement social. Certes, ces quartiers offrent moins de matériaux recyclables, mais les bouâra y sont davantage acceptés par les habitants et leurs charrettes tirées par des ânes ou chevaux y sont tolérées par les autorités.
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Chaque bouâr rapporte sa récolte dans la gelssaà laquelle il est rattaché. Achetés au poids par le patron de la gelssa, ces matériaux sont majoritairement des cartons, toutes sortes de plastiques et de métaux, les tissus et les déchets végétaux. Rien de ce qui est récupérable n’est laissé dans les poubelles de la ville.
La balance est l’outil indispensable de toutes les transactions : présente dans chaque gelssa, elle sert à peser les sacs de matériaux triés qui seront revendus aux grossistes. Elle peut parfois être utilisée pour vérifier le poids de la collecte d’un bouâr, notamment lorsqu’il s’agit de métaux, même si l’expérience du patron lui permet le plus souvent d’évaluer d’un rapide coup d’œil la qualité et la quantité de matériaux ramenés afin de payer au juste prix le travail du récupérateur.
Les patrons de gelssas sont parfaitement au courant des prix des matériaux dont ils suivent l’évolution au jour le jour via leur téléphone portable. Il leur arrive parfois de stocker une partie des matériaux récupérés pour attendre une remontée des prix avant de les revendre aux grossistes.
Les cabanes, de tailles et de confections diverses, constituent des lieux de repos et d’abri. De nombreux bouâraqui sont des migrants ruraux récents vivent dans ces habitats de fortune.
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Après la collecte et le tri, certains matériaux devront être compactés et broyés pour occuper moins de volume et prendre plus de valeur avant d’être revendus aux grossistes du secteur formel livrés par les pick-up et camions appartenant aux patrons de gelssas. Il n’y a pas d’électricité dans les gelssaset les machines sont alimentées par des groupes électrogène. L’une des demandes pressantes des patrons de gelssasest l’accès aux services publics les plus essentiels comme nous le dit l’un d’eux : « Donnez-nous l’eau, l’électricité et la sécurité du sol, nous vous montrerons ce que nous sommes capables de faire ! ».
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Chutes de tissu provenant des usines de confection textile, bouts de laine tirés de vieux tapis, mousses de sièges automobiles ou de matelas mis au rebut et, ici, des morceaux de vitres cassées récupérés auprès de vitriers qui sont ensachés pour être revendus à des entreprises de recyclage du verre : rien ne se perd, tout se récupère !
Dans une autre gelssa, même la pellicule d’aluminium de milliers de plaquettes de médicaments vides y est méticuleusement détachée par des femmes pour être récupérée, prouvant ainsi la valeur de ce matériau.
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À Casablanca, les femmes ne collectent pas dans les rues et elles sont employées exclusivement au tri des matériaux ramenés par les hommes. Souvent originaires de la campagne, elles y font des allers-retours en fonction des récoltes ou, pour certaines, vivent sur place dans les douars (anciens villages) environnants. Elles gagnent peu, mais leurs revenus constituent un appoint à l’économie familiale et leur permet de survivre lorsqu’elles sont seules. Leur travail est indispensable dans les gelssas et, plus largement, elles contribuent à leur manière à une économie du recyclage à la fois rentable et concurrentielle, comme en témoigne la multiplication des dépôts de matériaux en ville mais aussi, à une autre échelle, les visées de sociétés formelles, nationales ou multinationales, sur un secteur du recyclage qui est appelé à devenir de plus en plus lucratif.
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Certains bouârase sont spécialisés dans la collecte des déchets verts, souvent récupérés à la fin des marchés alimentaires. Ces déchets organiques sont vendus aux éleveurs de bétail de la périphérie rurale de Casablanca ou, comme ici, servent à alimenter leurs propres animaux. Dans la hiérarchie de la récupération, le déchet organique est celui qui rapporte le moins d’argent, après le tissu et la laine. Tout en haut de cette hiérarchie, se placent les métaux qui sont les plus rentables mais les plus difficiles à trouver, suivis par les plastiques et les cartons.
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« Ça fait 35 ans que je travaille ici. J’ai commencé comme bouâr, avec une seule charrette. C’était encore la campagne ! J’ai pu épargner et louer ma première gelssa, puis faire travailler jusqu’à cinquante bouâra. Aujourd’hui, je possède trois gelssas, trois camions et des broyeuses de plastique. » Homme très respecté à Lahraouiyine, Mustapha a tenté de créer une association de défense des commerçants des matériaux recyclés afin de plaider leur reconnaissance auprès des pouvoirs publics : « Le but c’était d’aider les gens et d’encadrer les activités en s’organisant en association pour accéder à des droits et aux soins, parce qu’il y a beaucoup de risques dans ce travail et pas de soins. C’est un métier pas reconnu, mais les gens sont vraiment motivés pour se défendre. » Si l’association n’a pas été validée par les autorités, Mustapha continue tant bien que mal à militer : « Nous, on revendique la reconnaissance de notre métier. Mon objectif, ça serait de régulariser tout le monde car on contribue à l’économie du pays, c’est grâce à nous que c’est recyclé, sinon, ça serait brûlé ou enfoui ; ça fait un gain, c’est notre survie et on fait vivre des ouvriers. » (entretiens réalisés par Bénédicte Florin et Mustapha Azaitraouien 2015 et 2017).
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Si les enfants ne travaillent pas dans les gelssaset sont tous scolarisés, de nombreux très jeunes hommes y sont présents, majoritairement issus de régions rurales très pauvres situées à environ 200 kilomètres au sud de la métropole. La plupart sont des saisonniers et ils alternent des périodes de travail en ville de deux ou trois mois et des retours à la campagne au moment des récoltes. Ils dorment et mangent sur place, logés dans des cabanes par leur patron. Souvent originaires du même village, ils s’entraident et, de retour chez eux, font venir d’autres membres de la famille en leur expliquant les ficelles du métier.
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Les objets découverts dans les poubelles par les récupérateurs changent de main dans des marchés aux puces ou joutiya (du verbe « jeter » en dialecte marocain) où ils négocient leurs trouvailles à de petits brocanteurs informels. On y découvre des plaquettes de médicaments entamées, des cassettes audio, des chargeurs de téléphone, des clous, vis et toutes sortes de petites bricoles bien classées en tas ou bien exposées par catégories. Ici, Madani, retraité de la poste, exerce cette activité depuis 20 ans, à la fois par nécessité économique mais aussi pour la convivialité qui règne dans cette joutiya, le souk el Mehl, dont il est la figure emblématique.
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Le classement très minutieux de ces « objets de peu » (Debary et Tellier, 2004) montre la valeur qu’on leur donne ; il va aussi aider les clients à repérer immédiatement ce qui peut les intéresser. Même sur des étals très pauvres ou dans des puces très populaires, comme au souk el kelb(littéralement le « marché aux chiens ») de Salé, on prend soin de ces objets récupérés dans les poubelles : on les nettoie, on les range, on les trie par usage et par couleur, etc. Les vendeurs des joutiya s’appellent les ferrachas.
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Située à une vingtaine de kilomètres au sud du centre de Casablanca, la décharge de Médiouna (voir carte) reçoit chaque jour près de 3 500 tonnes de déchets ménagers qui y sont apportées par les camions des entreprises de collecte. Habitants des douars voisins ou vivant parfois à même la décharge, les récupérateurs informels fouillent tous les déchets que les bennes tasseuses y déversent et en ressortent tout ce qui est récupérable ou recyclable. Dans ce site qui devrait normalement marquer la fin de parcours des déchets casablancais, 700 récupérateurs illégaux, hommes femmes et jeunes extraient jour et nuit (au moyen de lampes frontales) environ 1 000 tonnes de matériaux qui seront réinjectées dans le circuit informel et formel du recyclage10.
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Tous les acteurs des déchets sont présents sur la décharge de Médiouna : les conducteurs d’engins, les récupérateurs, une soixantaine d’éleveurs de vaches et moutons, les intermédiaires grossistes et des gardiens qui surveillent le lieu. La décharge est marquée par un insoluble paradoxe : d’un côté, l’entreprise gestionnaire est sommée de fermer le site alors que des centaines de camions-bennes y amènent quotidiennement les déchets ; de l’autre, les grossistes résistent par tous les moyens à cette fermeture car ils ont besoin des matières premières secondaires qu’ils achètent aux récupérateurs. Enfin, la décision récente – et contradictoire – d’agrandir cette même décharge de 40 hectares provoque de vives tensions avec les riverains.
Les conditions de travail dans la décharge sont extrêmes : immergés dans les déchets souillés et dangereux, confrontés à la pollution, menacés par les accidents, incendies, explosions ou affaissements de terrain, les récupérateurs y risquent quotidiennement leur vie.
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Après avoir été triés et pesés, tous les déchets récupérables ou recyclables sont revendus, comme ici ces sacs de canettes en aluminium qui sortent de la décharge de Médiouna sur un triporteur. Les activités des usines de recyclage du secteur formel et des grossistes à l’exportation dépendent donc fortement de celles des récupérateurs de rue ou de la décharge de Médiouna à qui ils achètent à moindre coût les matériaux récupérés.
Ainsi, les matières premières secondaires produites par le secteur formel sont en grande partie issues du fruit du travail du secteur informel. Brouillant les frontières, ce petit monde des récupérateurs informels est, directement ou indirectement, très inséré dans les filières économiques formelles aux échelles locales, régionales, nationales et même internationales puisque, jusque très récemment, les bouteilles de plastique en PET (Polytéréphtalate d’éthylène) étaient exportées jusqu’en Chine pour y être recyclées.
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PASCAL GARRET ET BÉNÉDICTE FLORIN
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Pascal Garret est photographe et sociologue. Il pratique à titre indépendant la photographie dans le cadre de recherches en sciences sociales, consacrant l’essentiel de ses travaux à la question des récupérateurs de déchets dans de grandes métropoles méditerranéennes (Le Caire, Istanbul, Marseille et Casablanca) mais aussi en région parisienne et à Mumbai (Inde). Il a participé, avec Bénédicte Florin, à l’élaboration de l’exposition « Vies d’ordures : de l’économie des déchets en Méditerranée » qui a été présentée au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM, Marseille) du 22 mars au 14 août 2017.
pascal.garret AT bab-el-louk DOT org / http://www.bab-el-louk.org/
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Bénédicte Florin est géographe, maître de Conférences à l’Université François-Rabelais de Tours et chercheuse de l’UMR CITERES, Equipe Monde arabe et méditerranéen (EMAM). Depuis 2007, ses travaux portent sur les chiffonniers du Caire, en lien avec les politiques de gestion des déchets. Ils se sont ensuite élargis aux récupérateurs de Casablanca et d’Istanbul et plus récemment aux récupérateurs Roms ferrailleurs de la région parisienne. Elle a notamment co-publié Sociétés urbaines et déchets. Eclairages internationaux (avec Claudia Cirelli, 2015, PUFR), Que faire des restes ? Le réemploi dans les sociétés d’accumulation(avec Delphine Corteel et al., 2017, Presses de Sciences-Po), ainsi que de nombreux articles sur la thématique des déchets accessibles sur le carnet de recherche en ligne du réseau Sociétés urbaines et déchets.
benedicte.florin AT univ-tours DOT fr
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Couverture : L’homme à l’esquimau (Pascal Garret, mai 2016)
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Bibliographie
Alix E. et Florin B., 2017, « Indésirables dans la ville, utiles dans l’ordure ? Les récupérateurs de déchets urbains entre relégation, intégration et demande de reconnaissance (Casablanca, Rabat) », Géographie et Cultures, n° 98-99, Les indésirables, 23-45.
Binebine M., 2010, Les étoiles de Sidi Moumen, Flammarion, 160 p.
Corteel D. et Le Lay S., 2011, Les travailleurs des déchets, Toulouse, Eres, 336 p.
Debary O. et Tellier A. , 2004, « Objets de peu : Les marchés à réderies dans la Somme », L’Homme, n° 170 (2), Espèces d’objets, 117-137.
Florin B., 2015, « Les récupérateurs de déchets à Casablanca : l’ “inclusion perverse” des travailleurs à la marge », Sociologie et Sociétés, vol. 47, n°1, Travailleurs et informalité. Nouvelles figures de l’exploitation et des mobilisations au Nord et au Sud, 73-96.
Florin B., 2016, « Rien ne se perd ! Récupérer les déchets au Caire, à Casablanca et à Istanbul », Techniques & Culture, Réparer le monde. Excès, reste et innovation, n° 65-66, 260-263.
Florin B., 2018, « Gérer la pauvreté ou gérer le déchet ? La formalisation du secteur informel au risque de l’exclusion (Rabat, Casablanca) », Jaglin S., Debout L. et Salenson I., Du rebut à la ressource. Valorisation des déchets dans les villes du Sud,Paris, AFD, 87-111.
Pichard P.-A., 2010, Mines d’ordures, Paris, Alternatives, 143 p.
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Pour citer cet article : Garret P. et Florin B., 2018, « Rien ne se perd, tout se récupère ! Pour une reconnaissance des récupérateurs informels de Casablanca », Urbanités, Dossier / Urbanités africaines, octobre 2018, en ligne.
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- Toutes les personnes présentées dans ce portfolio ont été photographiées avec leur autorisation. [↩]
- Nous établissons cette évaluation, probablement sous-estimée, à partir des discussions avec les récupérateurs de rue qui extraient les matériaux des poubelles de la ville et en y ajoutant le volume que les récupérateurs de la grande décharge de Casablanca, située à Médiouna, extraient de celle-ci. Précisons également que la collecte officielle des déchets est attribuée par délégation de service à des sociétés privées sans aucun dispositif de tri à la source. En ce qui concerne les modalités techniques de la gestion des déchets à Casablanca, à la législation ou à des données chiffrées plus détaillées, se reporter à l’article et à la fiche ressource que Bénédicte Florin a publiés pages 87 à 111 dans l’ouvrage Du rebut à la ressource. Valorisation des déchets dans les villes du Sud (Florin, 2018, https://www.afd.fr/fr/du-rebut-la-ressource). [↩]
- Nous pensons ici, par exemple, à l’ouvrage de photographies Mines d’ordures(Pichard, 2010). [↩]
- Bouâr au singulier, bouâraau pluriel. Le mot est dérivé du français « éboueur ». [↩]
- Voir carte. L’écrivain marocain Mahi Binebine décrit avec une remarquable empathie la vie quotidienne de ces récupérateurs dans son roman Les étoiles de Sidi Moumen (Binedine, 2010). [↩]
- Il s’agit, par exemple des quartiers de Anfa supérieur, Californie, Ain Diab, Racine, etc. [↩]
- Le « Grand Casablanca » est une entité administrative qui englobe les préfectures des villes de Casablanca et de Mohammédia, plus une partie des provinces de Médiouna et de Nouaceur. Pour simplifier, c’est la zone urbanisée en continu autour de la ville de Casablanca. [↩]
- En ce qui concerne le cadre théorique de l’indésirabilité associée aux récupérateurs de déchets ainsi que ses références bibliographiques, voir l’article « Indésirables dans la ville, utiles dans l’ordure ? » (Allix et Florin, 2017). [↩]
- Le terme est dérivé du verbe gels, s’asseoir en dialecte marocain. [↩]
- Ces chiffres nous ont été donnés par le gérant de la décharge. Les camions-bennes qui entrent sont tous pesés, le chiffre de 3 500 tonnes par jour qui entrent dans la décharge est donc vérifié. Celui des 1 000 tonnes qui ressortent n’est qu’une évaluation, les camions et charrettes des récupérateurs n’étant pas pesés à leur sortie. [↩]