#1 / E.P. Jacobs et l’espace souterrain : de la monomanie apparente au symbolisme protéiforme

Marc-Emmanuel Privat

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Le lecteur attentif des aventures de Blake et Mortimer remarquera le rapport particulier qui unit son auteur et le sous-sol. Cette étude vise à montrer l’omniprésence, la multiplicité des formes et le symbolisme des espaces souterrains dans l’œuvre d’Edgar Pierre Jacobs.

« Le monde souterrain, par sa richesse infinie et inviolée, hante l’imagination de l’homme » (Bayard, 1973).

Une étude à large spectre dans le domaine culturel corroborerait immanquablement cette assertion : les écrivains, les dessinateurs ou les cinéastes sont très nombreux à avoir abordé la thématique des espaces souterrains, que ce soit directement, en en faisant le cadre de l’action qu’ils mettent en scène ou en le traitant de façon plus allusive. Cette phrase s’applique particulièrement bien à Edgar P. Jacobs. Né à Bruxelles en 1904, Edgar Pierre Jacobs est, dès sa jeunesse, passionné par le dessin. Pourtant, il ne commence réellement sa carrière d’auteur de bandes dessinées qu’à 40 ans, ayant auparavant pratiqué divers métiers, lui permettant d’exercer sa deuxième passion, le chant, comme baryton à l’opéra. Engagé par Hergé en 1943 initialement pour retravailler les premiers albums de Tintin parus en noir et blanc, il participe ensuite plus directement à deux albums, Les Sept boules de cristal et Le Temple du Soleil. Parallèlement, il commence à dessiner la série Blake et Mortimer en 1946, pour le Journal Tintin, puis s’y consacre entièrement à partir de 1947. Jacobs est habité par le sous-sol : aucune des huit aventures de ses héros Blake et Mortimer ne déroge à la règle ; toutes ont un lien plus ou moins fort avec l’espace souterrain, du plus simple au plus complexe, allant du recours à la cave comme passage, jusqu’à l’invention d’une civilisation souterraine. L’espace souterrain dans l’œuvre d’Edgar P. Jacobs peut ainsi être qualifié de la triple manière suivante : omniprésent, protéiforme et symbolique.

L’étude de ce rapport particulier permet de dégager trois axes de recherche. Il est d’abord indispensable de procéder au recensement des occurrences d’espace souterrain dans l’œuvre d’E. P. Jacobs, afin d’en dresser une typologie, avant de rechercher les fondements de cette relation non seulement dans la vie de Jacobs mais aussi dans le contexte culturel et historico-politique dans lequel ont été écrites les aventures de Blake et Mortimer. Enfin il convient de tenter d’en tirer des leçons en termes de symboles.

Une étude du traitement de l’espace souterrain dans les huit aventures dessinées et scénarisées par E. P. Jacobs1 permet de déterminer trois facteurs discriminants pour une tentative de typologie2.

Le premier critère qui s’impose de fait est le type d’espace souterrain parcouru par les différents personnages. Une première distinction suggère d’établir deux catégories : l’espace aménagé à partir d’une cavité naturelle et le construit ex-nihilo. Par exemple, la base secrète du « Monde libre », dans Le Secret de L’Espadon, est le résultat de l’aménagement d’une grotte naturelle, sous une falaise.

Le Secret de l'Espadon, tome 3, p. 13, case 7

Le Secret de l’Espadon, tome 3, p. 13, case 7

A contrario, le laboratoire du Pr. Sato, dans Les Trois formules du professeur Sato, est installé sous sa maison, dans un espace entièrement construit.

Une deuxième distinction permet de différencier les espaces souterrains établis sous un environnement de surface urbanisé de ceux situés sous une zone qui ne l’est pas. Par exemple, la Chambre d’Horus est installée sous une pyramide, en plein désert3. En revanche la cave qui accueille le Chronoscaphe du professeur Miloch Georgevitch est creusée sous une maison de La Roche-Guyon4.

Enfin une troisième distinction permet de différencier la création d’un espace souterrain ex-nihilo de la réutilisation d’une installation pré-existante. Le repère d’Olrik, dans L’Affaire du Collier, est installé dans un ancien poste de commandement de résistants, lui-même aménagé dans un entrelacs de caves, d’égouts, d’anciennes carrières et de catacombes dans le Paris souterrain. A contrario, la cité souterraine des Atlantes5 a été créée de toutes pièces à partir de grottes naturelles.

L'Affaire du Collier, p. 51, case 1

L’Affaire du Collier, p. 51, case 1

Le deuxième critère tient à l’occupation de cet espace souterrain. Il s’agit de déterminer si elle est ponctuelle ou au contraire durable. Typiquement, le laboratoire souterrain installé sous le château de Troussalet, dans S.O.S. Météores, relève d’une occupation ponctuelle, liée aux expériences de Miloch. C’est le cas également du laboratoire du docteur Septimus dans La Marque jaune : « Guinea Pig » en part pour accomplir ses forfaits et y revient pour être maintenu en état d’hypnose. A l’inverse, la base secrète du Secret de l’Espadon, accueille ses occupants de façon plus autarcique puisque c’est le refuge ultime de la résistance face à l’« Usurpateur » Basam-Damdu. A fortiori, la cité souterraine de L’Énigme de l’Atlantide convoque un type d’occupation du sous-sol permanent et auto-suffisant.

Le troisième et dernier critère relève du caractère sacré ou profane du lieu, et cela du point de vue strictement formel. En effet, nous le verrons plus loin, l’espace souterrain chez Jacobs revêt toujours un caractère sacré du point de vue symbolique, même lorsqu’il s’agit d’une cave de maison particulière comme dans La Marque jaune ou Les Trois formules du professeur Sato. Contrairement aux autres critères, celui-ci, au lieu de départager de façon relativement équilibrée les espaces souterrains, isole un lieu par rapport aux autres : seule la Chambre d’Horus de La Grande Pyramide présente un caractère sacré fonctionnellement puisqu’il s’agit d’un tombeau. Les sept autres espaces souterrains sont d’essence profane, qu’il s’agisse de grottes, de caves ou d’égouts.

Tentative de typologie des espaces souterrains dans l’œuvre d’E. P. Jacobs

Tentative de typologie des espaces souterrains dans l’œuvre d’E. P. Jacobs

De ce panorama rapide ressort le fait que l’espace souterrain jacobsien est multiforme puisque le recoupement des critères ne permet pas réellement d’en déterminer un archétype. Cette question nécessiterait une étude fine, notamment en dressant des comparaisons avec d’autres auteurs, dans plusieurs disciplines ; on peut néanmoins proposer l’hypothèse suivante pour l’expliquer : Jacobs aurait voulu ainsi montrer qu’il est réellement habité par l’ « Espace souterrain » et non pas seulement intéressé par un type de recours au sous-sol. Au-delà, intéressons-nous aux raisons qui ont guidé E. P. Jacobs à recourir aussi systématiquement au sous-sol.

Deux angles peuvent être successivement abordés pour expliquer la présence souterraine chez Jacobs : son histoire personnelle et l’actualité ou le passé proche du monde quand lequel il vit.

Jacobs, dans son autobiographie (Jacobs, 1981) indique être tombé dans un puits à l’âge de deux ou trois ans, alors qu’il jouait dans la cour de la boutique de son oncle à Louvain6. Il y serait resté plusieurs minutes, largement immergé dans une eau sale, attendant que les secours viennent le dégager, pendant que des badauds, penchés au dessus de la margelle, le regardaient avec une curiosité malsaine.

Cet épisode a donné lieu à moult interprétations. Gérard Lenne (Lenne, 1988) considère qu’il est à la source de cette omniprésence du sous-sol dans l’œuvre de Jacobs, comme pour exorciser la peur ressentie dans sa prime jeunesse. Pour le psychanalyste Serge Tisseron, cité par Guido Vogliotti (Vogliotti, 2010), il n’y a pas de rapport évident entre cet événement et la récurrence des espaces souterrains dans son œuvre. Afin d’éviter la cuistrerie de considérations pseudo-freudiennes, nous pensons, guidé par le bon sens, une certaine facilité et peut-être une dose de romanesque, qu’il y a bien un lien de cause à effet : Jacobs étant connu pour son goût du détail, le fait qu’il y revienne dans son Opéra de papier milite pour cette thèse. Ensuite, que cette récurrence soit le signe d’un exorcisme ou au contraire la preuve d’un goût pour le sous-sol découvert a posteriori, est de peu d’importance pour le lecteur. Il est par ailleurs probable que Jacobs ait puisé son inspiration chez nombre d’auteurs7, parmi lesquels nous pouvons citer Jules Verne, avec lequel il partage ce goût des aventures souterraines.

Nous verrons plus loin que les questions de symbolique du sous-sol sont particulièrement riches d’enseignements. A contrario, nous pouvons constater que l’espace souterrain jacobsien, d’un point de vue rationnel, fait l’objet d’une relation d’attirance/répulsion : en effet, on y travaille à la destruction de l’ordre établi, certes8, mais on y œuvre aussi à la reconquête du monde libre9 ou encore on y trouve un refuge post-cataclysme10.

Lorsqu’E. P. Jacobs commence à dessiner sa première aventure, en 1946, l’atomisation d’Hiroshima et de Nagasaki est encore dans tous les esprits. Même si ses effets secondaires sont minimisés par la censure américaine, le monde prend tout à coup conscience de la puissance et du risque nucléaires. Par ailleurs, nous ne pouvons faire l’impasse sur le contexte politique international dans lequel se développe toute l’œuvre de Jacobs depuis le milieu des années 1940 jusqu’à son décès en 1987. Grand humaniste (Le Gallo et Van Kerckhove, 1984), il est très concerné par le sort réservé à ses semblables : d’une part les souvenirs de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale et d’autre part les craintes de la Guerre froide le marquent profondément et transparaissent dans son œuvre. En outre, son appétence pour les questions scientifiques11 le pousse à s’intéresser aux nouvelles technologies mises en œuvre, et notamment l’atome. Même si son rapport à celui-ci est ambigu12, sa crainte d’une catastrophe atomique est sans doute aussi un des éléments fondateurs du recours récurrent au sous-sol, celui-ci retrouvant, dans la perspective de l’atomisation d’une grande partie de la surface terrestre, une de ses deux fonctions originelles, celle de fournir un abri (Utudjian, 1952). Nous retrouvons d’ailleurs ce même phénomène dans Les Cavernes d’Acier (Asimov, 2002) ; ce roman d’anticipation, paru pour la première fois en pleine Guerre froide, est également très marqué par la nécessité pour l’homme de se réfugier sous terre après une catastrophe.

Après avoir défini les contours d’une typologie puis identifié les causes de cet attrait souterrain, tentons d’en tirer des leçons en termes symboliques, d’abord globalement puis en ciblant Le Mystère de la Grande Pyramide, aventure allégorique par excellence.

La plupart des traditions philosophiques et religieuses placent dans le sous-sol le siège de forces puissantes : c’est l’Amenthès des Egyptiens, l’Hadès des Grecs, le Palata des Hindous ou encore le Niflheim des Scandinaves. Nous pouvons d’ailleurs signaler cette opposition récurrente : l’espace souterrain est donc d’une part le siège du mal, un lieu inhospitalier où peut régner le feu purificateur ou l’eau angoissante, accueillant ceux des hommes qui se sont mal comportés ou plus simplement ceux qui ont perdu la vie. Mais la grotte est aussi le refuge, la « Terre-mère » protectrice (Bayard, 1973) où il fait bon se réfugier, le passage obligé pour l’individu qui évolue du statut d’homme à celui d’initié :  Zeus se réfugie dans la grotte pour échapper à l’appétit de son père Chronos. Dans la mythologie japonaise, Okuninushi, fils de Susanoo, dieu de l’orage, trouve refuge dans le monde souterrain pour échapper à ses frères ; il y rencontre la princesse Suseri, en tombe amoureux et revient à la surface avec elle. E. P. Jacobs n’échappe pas à la règle. Son utilisation du sous-sol puise dans le fonds de culture judéo-chrétienne, terreau commun de l’école belge de la ligne claire13. Sa belle-fille, rapportant les propos de Jacobs, écrit : « Et la morale et la religion, qu’est-ce que tu en fais ?… On ne peut pas s’écarter du droit chemin. Si tu ne veux pas que la malédiction te tombe dessus, tu dois faire ce qui a été dicté par le Très-Haut ! » (Quittelier, 2009). Mais cette foi chrétienne est matinée d’un goût certain pour l’occultisme (Le Gallo et Van Kerckhove, 1984), Jacobs étant notamment charmé depuis son adolescence par le mythe de Faust (Mouchard et Rivière, 2003).

Pour ses deux héros, mais plus spécialement pour Mortimer, le passage par le sous-sol s’apparente à une initiation. Le procédé, selon un schéma rodé, se répète à l’envie : le (ou les) héros pénètre sous terre par un accès ouvert au commun des mortels (ou presque) ; c’est la grotte des Açores visitée lors d’une expédition spéléologique dans L’Énigme de l’Atlantide, le Mastaba du docteur Groβgrabenstein dans Le Mystère de la Grande Pyramide, les égouts dans La Marque jaune ou encore la cave de la Bove dans Le Piège diabolique. Ce premier espace accessible, donne ensuite accès à un second niveau de souterrain, celui-là ouvert uniquement aux « initiés ». Pour reprendre les exemples supra, les héros, considérés comme ayant soit un cœur pur, soit le niveau de connaissance pour être affranchis, pénètrent ainsi, après une série d’épreuves, respectivement dans la cité souterraine des Atlantes, la Chambre d’Horus, le laboratoire du docteur Septimus ou encore celui du professeur Miloch Georgevitch. La grande épreuve ne fait alors que commencer, la mort rôdant, prête à les emporter. Ils en réchappent de justesse, renforcés spirituellement ou intellectuellement mais incapables de transmettre ce savoir neuf, soit en raison d’une amnésie14, du caractère extravagant pour les non-initiés de ce qu’ils ont vécu15 ou encore de la destruction de ce dont ils ont eu connaissance16.

Cette descente dans les profondeurs du sol, suivie d’une mort symbolique puis d’une remontée, gage de perfectionnement, ne manque pas de faire référence à l’Évangile selon Saint-Jean, chapitre 12 versets 24 à 26, dans lequel le Christ présente la parabole du grain de blé tombé en terre qui doit mourir pour porter du fruit17. De même, ce cheminement dans les entrailles terrestres est souvent l’occasion de rencontrer l’élément liquide, de le traverser ou de s’y plonger18. Traverser un cours d’eau souterrain, c’est traverser le Styx, fleuve frontière entre le royaume des morts et celui des vivants dans la mythologie grecque. Se plonger dans l’eau et en ressortir19, est une référence explicite au baptême chrétien : le futur baptisé est immergé pour traverser la mort, vivre la résurrection du Christ et se laver du péché originel. On retrouve également cette thématique de l’eau purificatrice dans l’hindouisme.

Mais le sous-sol jacobsien est aussi le repère du Mal et à ce titre il fait directement référence au monde infernal. Les savants fous, qui ne rêvent que de déstabiliser l’ordre établi, y installent leur laboratoire20. C’est également dans la cave de sa maison japonaise que le Pr. Sato, tenant du Bien mais gagné par l’orgueil prométhéen, loge son laboratoire pour créer ses robots humanoïdes21.

Enfin, nombre d’espaces souterrains fréquentés par Blake et Mortimer connaissent une fin tragique, victime du feu ou des mouvements de la Terre ; L’Enigme de l’Atlantide est à ce titre hautement symbolique puisque leur monde (à nouveau) englouti, dans une ambiance de Jugement Dernier, les Atlantes quittent la Terre à bord de vaisseaux spatiaux, comme Noé sauvant des eaux les œuvres de la Création.

Mais l’épisode qui mérite entre tous une attention particulière en matière de symboles est bien Le Mystère de la Grande Pyramide. Le fait de recourir à l’histoire et aux coutumes de l’ancienne Égypte est à plus d’un titre significatif (Vogliotti, 2010).

Le Mystère de la Grande Pyramide, tome 2, p. 40, case 7

Le Mystère de la Grande Pyramide, tome 2, p. 40, case 7

Comme nous l’indiquions dans le premier chapitre de cette étude, La Grande Pyramide est la seule aventure dans laquelle l’espace souterrain mis en scène exerce une fonction formellement sacrée. Elle occupe donc une place à part. Elle recèle plusieurs éléments symboliques, dont l’accumulation ne peut être due au hasard, notamment compte tenu du goût avéré de Jacobs pour la civilisation égyptienne (Vogliotti, 2010 et Greg et al., 1981). Parmi ceux-ci, nous pouvons en retenir trois.

Le premier d’entre eux est une référence au culte solaire. De même que le soleil chaque soir s’enfonce en terre pour y mourir et renaître au matin, l’aventure souterraine de Blake et Mortimer dure le temps d’une nuit : ils pénètrent dans le mastaba à la nuit tombée et réapparaissent au pied de la pyramide alors que le soleil est déjà haut, le lendemain. Ensuite, le voyage souterrain des deux amis qui, après une première partie plus ou moins plane, emprunte un escalier taillé dans le roc pour s’enfoncer dans les profondeurs terrestres, ressemble à une descente vers les enfers. Blake évoque d’ailleurs Dante. Au terme de cette descente, ils aboutissent dans une salle initiatique, à multiples issues. Manquant de lumière, Mortimer vient à disparaître brusquement aux yeux de son ami mais sa voix se fait entendre, comme sortant de la bouche d’une statue représentant Osiris, dieu des morts. Il réussit en s’en extraire. Avalé par le monstre, il le terrasse et vainc la mort ; sorti renforcé, il est symboliquement paré des atouts de l’initié.

Parvenu au terme de cette escapade dans les espaces souterrains jacobsiens, nous pouvons en tirer les quelques conclusions qui suivent.

Il est indéniable que le sous-sol hante le père de Blake et Mortimer ; il y recourt de façon systématique, aucune des huit aventures n’y échappe. Pourtant cette récurrence est loin d’être univoque, tant sont variées les occurrences d’un épisode à l’autre, que ce soit sur la forme de l’espace souterrain, son occupation ou la charge symbolique qu’il présente. Ce dernier item mérite d’ailleurs un complément : l’usage du souterrain est toujours allégorique, que ce soit le repère de quelque Frankenstein, l’arche des Gentils ou le parcours initiatique du héros.

Il aurait été réducteur, trompeur et artificiel de cantonner une étude des espaces souterrains chez E. P. Jacobs au seul aspect architectonique. Pourtant, au-delà de son caractère souvent invraisemblable, son œuvre nous invite à une réelle réflexion sur les usages du sous-sol. À l’heure de l’expansion exponentielle du fait urbain et d’une artificialisation toujours plus grande des sols, les architectes et les urbanistes feraient bien de relire Blake et Mortimer : nombreux sont en effet les fonctions et les équipements qui pourraient légitimement être installés en souterrain, libérant ainsi de l’espace à la surface pour des espaces végétalisés, dédiés à l’agrément et à l’agriculture.

Marc-Emmanuel Privat

Marc-Emmanuel Privat est officier de l’armée de Terre et architecte, responsable d’une équipe de maîtrise d’œuvre au sein du Service d’infrastructure de la Défense. Passionné par le sous-sol, il est membre de l’Association française des tunnels et de l’espace souterrain (AFTES). Il s’intéresse également aux rapports entre la ville et la guerre et milite pour la promotion de l’écrit en architecture.

Pour en savoir plus : http://archi-criture.blogspot.fr/ et archi.criture@gmail.com

Bibliographie

Asimov, I., 2002, Le Cycle des robots – Les Cavernes d’acier, Paris, J’ai Lu, 373 p.

Bayard J.-P., 1973, La Symbolique du monde souterrain, Paris, Payot, 208 p.

Greg M., Bergier J. & Rivière F. et al., 1981, Edgar Pierre Jacobs, 30 ans de Bandes dessinées, Paris, Alain Littaye, 93 p.

Jacobs E. P., 1981, Un Opéra de papier, Paris, Gallimard, 190 p.

Jacobs E. P., 1993, L’Affaire du Collier, Bruxelles, Dargaud, 62 p.

Jacobs E. P., 1993, L’Enigme de l’Atlantide, Bruxelles, Dargaud, 62 p.

Jacobs E. P., 1993, La Marque jaune, Bruxelles, Dargaud, 64 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Mystère de la Grande Pyramide T.1, Bruxelles, Dargaud, 54 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Mystère de la Grande Pyramide T.2, Bruxelles, Dargaud, 56 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Piège diabolique, Bruxelles, Dargaud, 64 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Secret de l’Espadon T.1, Bruxelles, Dargaud, 54 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Secret de l’Espadon T.2, Bruxelles, Dargaud, 82 p.

Jacobs E. P., 1993, Le Secret de l’Espadon T.3, Bruxelles, Dargaud, 82 p.

Jacobs E. P., 1993, S.O.S. Météores, Bruxelles, Dargaud, 62 p.

Jacobs E. P., 1994, Les Trois formules du professeur Sato T. 1, Mortimer à Tokyo, Bruxelles, Dargaud, 48 p.

Jacobs E. P., De Moor B., 1994, Les Trois formules du professeur Sato T. 2, Mortimer contre Mortimer, Bruxelles, Dargaud, 48 p.

Le Gallo C. et Van Kerckhove D., 1984, Le Monde de Edgar P. Jacobs, Bruxelles, Lombard, 176 p.

Lenne G., 1988, Blake, Jacobs et Mortimer, Paris, Séguier Archimbaud, 149 p.

Mouchard B. & Rivière F., 2003, La Damnation d’Edgar P. Jacobs, Paris, Seuil/Archimbaud, 336 p.

Quittelier V., 2009, E. P Jacobs Témoignages inédits, Saint-Egrève, Mosquito, 336 p.

Utudjian E., 1952, L’Urbanisme souterrain, Paris, Presses universitaires de France, Collection « Que sais-je ? », 127 p.

Vogliotti G., 2010, Blake et Mortimer, souterrains et voyage initiatique dans l’oeuvre d’E.P. Jacobs, Romans sur Isère, Pavesio, 128 p.

 

  1. Pour être précis, il faut noter que le 2e tome de la 8e aventure de Blake et Mortimer, Les Trois formules du professeur Sato a bien été scénarisé par Jacobs avant sa mort, le dessin ayant été réalisé par son ami Bob De Moor. []
  2. Cf. le tableau récapitulatif figurant en fin de chapitre qui reprend, notamment, cette typologie. []
  3. Le Mystère de la Grande Pyramide []
  4. Le Piège diabolique []
  5. L’Énigme de l’Atlantide []
  6. L’information a été reprise maintes fois : voir notamment dans la bibliographie les ouvrages de Gérard Lenne et Guido Vogliotti []
  7. La question des sources littéraires d’E. P. Jacobs a été particulièrement bien traitée par G. Vogliotti. []
  8. Cf. La Marque jaune ou S.O.S. Météores. []
  9. Cf. Le Secret de l’Espadon []
  10. Cf. L’Enigme de l’Atlantide []
  11. Jacobs est un lecteur assidu de Sciences & Vie. Nous pouvons d’ailleurs noter cette communauté d’intérêt pour les questions scientifiques avec son mentor et ami Hergé, dont les fulgurances en matière de conquête spatiale ont ravi des générations de lecteurs. []
  12. Le professeur Mortimer met au point un avion à propulsion nucléaire, arme absolue destinée à vaincre les « Jaunes », dans Le Secret de l’Espadon. []
  13. La « ligne claire » (contour systématique et aplats de couleur) qualifie essentiellement le style graphique d’Hergé, à travers les dessins des aventures de Tintin ; E. P. Jacobs, qui a participé à certains albums d’Hergé, a repris ces principes pour les aventures de Blake et Mortimer. Par extension, il qualifie le style de plusieurs auteurs ayant collaboré au Journal Tintin, tels que Bob de Moor ou Jacques Martin. Le terme a été inventé en 1977 par le dessinateur Joost Swarte, à l’occasion de l’exposition Tintin de Rotterdam. []
  14. Le Mystère de la Grande Pyramide []
  15. L’Enigme de l’Atlantide []
  16. La Marque Jaune, S.O.S. Météores, Les Trois formules du Pr. Sato []
  17. Cité par l’évangéliste Jean, le Christ, pour expliquer la résurrection, donne l’exemple du grain de blé qui, pour germer et donner naissance à un nouvel épi doit d’abord mourir. []
  18. Cf. par exemple L’Enigme de l’Atlantide. []
  19. C’est par exemple le cas dans S.O.S. Météores. []
  20. Ceux du docteur Septimus et du docteur Miloch Georgevitch []
  21. Voir Les Trois formules du Pr. Sato. []

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