Mondes urbains britanniques / Portfolio : Belfast : le conflit au coin de la rue

Adèle Schar


  • Une « peaceline » sépare un quartier protestant d’une enclave catholique.
  • Trottoirs et lampadaires repeints aux couleurs de l’Union Jack côté protestant.
  • Bobby Sands, membre de l’IRA mort en 1981 à Belfast après une grève de la faim.
  • Une peinture murale en référence aux mouvements paramilitaires.
  • Une « peaceline » recouverte de peintures aux messages politiques.
  • Des références à la culture irlandaise et à des scènes d’oppression côté catholique.
  • Le conflit nord-irlandais est encore présent dans l’esprit de certains habitants.
  • Un camp protestant établi sur un terrain vague jouxtant un quartier catholique.

 

« Belfast : le conflit au coin de la rue » est une série de photographies prises lors de mes déplacements sur mon terrain d’étude, Belfast. Avec ces illustrations, je propose de suivre un trajet balisé par les différents marqueurs communautaires, qui rappellent sans-cesse au visiteur curieux que les tensions sont encore très présentes dans certains espaces de la métropole.

En effet, Belfast, capitale de l’Irlande du Nord, porte les traces d’un passé douloureux qui mêle des questions d’appartenance religieuse, d’identité nationale et d’aspiration politique. De 1969 à 1998, l’épisode de guerre civile connu sous le nom des « Troubles » a fait plus de 1 500 morts à Belfast. Cependant, depuis une quinzaine d’années, la classe politique a travaillé dans le sens d’un consensus : le processus de paix est désormais lancé et le climat semble s’être apaisé.

Or, si la capitale change, il reste des stigmates du conflit, principalement dans certains quartiers que l’on peut considérer comme « figés ». Dans ces espaces communautaires, les revendications sont encore importantes et les marqueurs identitaires omniprésents dans le paysage urbain. Le visiteur peut s’y déplacer et observer les repères qui lui rappellent régulièrement où il se trouve : au détour d’une rue, on peut parfois distinguer des peacelines, ces « murs de paix » qui séparent les quartiers catholiques et protestants ; les peintures murales livrant des messages politiques, représentant parfois des paramilitaires, l’arme au poing ; les drapeaux aux fenêtres et le mobilier urbain repeint évoquant constamment l’appartenance du quartier, de la rue… Autant d’images fortes qui montrent que le conflit, et surtout ses traces, sont encore très visibles : ils font partie du quotidien d’un certain nombre d’habitants de Belfast.

Ces photographies montrent donc un aspect parmi d’autres de la ville. Car, passé ces quartiers, le paysage est tout autre : la capitale nord-irlandaise redevient semblable à d’autres métropoles européennes ; le centre-ville est actif, les quais attractifs, la vie estudiantine dynamique et l’offre culturelle riche… Bien loin de tout signe d’appartenance et d’atmosphère de revendication.

Adèle Schar

Adèle Schar est doctorante en aménagement de l’espace et urbanisme, membre du laboratoire ADESS (UMR 5185 CNRS) et rattachée à l’Université Bordeaux Montaigne. Ses thèmes de recherches portent sur le rôle des politiques urbaines dans la gestion des conflits, principalement en Irlande du Nord.
adele.schar AT cnrs DOT fr

Comments are closed.