#9 / Wynwood, Miami : murals et revitalisa(r)tion exogène d’un quartier
Aurélie Delage
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L’article d’Aurélie Delage en PDF
« Art is all you need » proclame ce mur à Wynwood (Miami, États-Unis), un quartier d’entrepôts et de marchands de gros en pleine mutation vers une fonction récréative par le biais de l’art. « Art is all you need… for what ? » serait-on tenté d’ajouter. Dans le contexte d’énonciation de ce mural, on peut se demander si l’art – le street art en l’occurrence – peut suffire à la revalorisation d’un quartier industriel, à l’instar de ce que l’on observe avec la culture, officielle comme alternative, dans d’autres villes (Gravari-Barbas, Violier, 2003). Encore faut-il s’entendre sur le type de street art : certaines usines abandonnées et murs d’enceinte sont depuis longtemps ici un haut lieu de tags et de graffitis, connu dans le milieu underground local (Crook and Crome, MSG Cartel, Oscar « Trek 6 » Montes, Darin « Books IIII » Bishof, Michael « Typoe » Gran, entre autres). Mais ces pratiques graphiques informelles, apanage des espaces délaissés, marqueurs d’une forte appropriation territoriale locale, sont désormais concurrencées par des fresques murales gigantesques exécutées pour la plupart par des artistes étrangers en marge d’Art Basel Miami, version délocalisée de la célèbre foire internationale d’art contemporain suisse. Ces murals signalent la revalorisation symbolique et économique du lieu, devenu en quelques années seulement un quartier à la mode. Au-delà des balades entre les murals, c’est désormais une destination prisée aussi bien pour le brunch dominical que pour des soirées branchées entre galeries et restaurants cotés.
Ce portfolio présente un exemple de transformation urbaine par l’art, dans la lignée d’un mouvement touchant de nombreuses métropoles occidentales. Le rôle des artistes dans le redévelopement urbain est un fait avéré et étudié de longue date, notamment sous l’angle de la revalorisation de quartiers par des artistes venus y trouver des lieux de vie abordables (Cole, 1987). Ces artistes sont moins les initiateurs que les marqueurs de la gentrification, mouvement qui les dépasse et peut finir par les chasser quand les loyers deviennent trop chers (Charmes, Vivant, 2008). Outre les espaces péricentraux, les friches sont prisées des artistes, et peuvent être propices à la création de nouvelles formes de production de la ville (Ambrosino, Andres, 2008). Mais les études sur la place de l’art dans les dynamiques des quartiers révèlent également les risques d’instrumentalisation des artistes au profit de métropoles en quête d’image de ville « créative » (Liefooghe, 2013).
Dans le cas de Wynwood, dont le renouveau est amorcé au début des années 2000, on est en présence d’un art majoritairement sur commande, auprès d’artistes déjà connus ; un art de rue institutionnalisé, qui s’installe dans des terrains de prédilection de l’art de rue plus confidentiel, dans un quartier qui n’est pas vide d’hommes ni d’activités. Ce n’est donc pas l’ancrage territorial des artistes, mais la production artistique elle-même, qui est ici porteuse de plus-value au quartier. Si la mutation de quartiers entiers par l’art n’est pas chose nouvelle aux Etats-Unis (SoHo, à Manhattan en est l’exemple canonique), ce qui frappe à Wynwood, c’est d’une part l’ampleur de la mutation (une cinquantaine de blocks) et d’autre part, le vecteur artistique, à savoir le street art. Si ces murals sont bien dans la rue, leur « milieu d’origine », ils sont intégrés dans un système institutionnel et marchand. Dans ce « tournant » du street art entre la contestation et le produit dérivé (Genin, 2016), un acteur a ici joué un rôle majeur : une société d’investissement immobilier, Goldman Properties, qui s’est spécialisée dans la régénération de quartiers dévalués dans les villes du Nord-Est des Etats-Unis comme SoHo à New York (fin des années 1970) ou Philadelphie (années 2000). Elle avait déjà massivement investi dans la renaissance de South Beach à Miami, en mettant en avant son patrimoine Art Déco (milieu des années 1980). À Wynwood, le groupe a acheté une trentaine d’entrepôts en moins de dix ans pour favoriser cette mutation.
En 2013, les acteurs locaux se sont organisés en Business Improvement District (Wynwood BID), une forme d’organisation communautaire courante aux Etats-Unis où les propriétaires du quartier (commerces, restaurants, etc.) financent la gestion, l’amélioration et la promotion du secteur (carte du périmètre du BID). Le BID est un interlocuteur privilégié de la Ville de Miami. En l’occurrence, il a participé à la négociation sur le changement d’affectation des sols du quartier, passant de mixte industriel et commercial à exclusivement commercial, à l’exception de deux zones résidentielles et une zone d’industrie légère (2015). Il est également impliqué dans la redéfinition du stationnement, vu comme un levier d’attractivité du quartier.
Ainsi, ce portfolio considère l’art comme un enjeu urbain au sens large, en ce qu’il s’articule avec « des politiques d’aménagement et d’urbanisme, avec les stratégies de marketing urbain et d’image, avec l’économie culturelle, avec les enjeux sociaux » (Grésillon, 2014, p. 104). Il envisage en dix-neuf photos la mutation d’un quartier et les enjeux notamment économiques et sociaux que cela pose en termes de succession des hommes et des activités. Les restaurants jouxtent de plus en plus les magasins de vêtements de gros, et les premiers programmes immobiliers sont sortis de terre en 2015 : la pression sur les populations latinos se fait de plus en plus forte.
Ce portfolio restitue les résultats d’une enquête visuelle réalisée entre décembre 2012 et décembre 2015, quand les mutations de ce quartier semblent s’accélérer. La photographie est mobilisée comme un outil à part entière de l’enquête, en ce qu’elle permet de remettre les œuvres d’art dans leur contexte urbain (qu’il s’agisse des éléments du champ ou du contre-champ). Cette enquête comporte cependant un biais : les visites se sont faites essentiellement les week-ends et jours fériés (hors Art Basel Miami), empêchant de voir les activités initiales du secteur, et le matin – pour éviter la chaleur vite étouffante dans ce milieu urbain minéral favorisant la réverbération, dans une ville au climat tropical. Le faible agrément du quartier pour la marche à pied1 explique aussi le peu de personnes présentes sur les photos – biais accentué par le réflexe du photographe poli qui attend que les autres personnes aient fini leur photo pour prendre la sienne. L’enquête visuelle a été complétée par un travail de recherche documentaire sur les acteurs du secteur mais aussi sur les différentes œuvres vues, afin d’en trouver les auteurs et de démêler, dans la mesure du possible, leur degré d’institutionnalisation.
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Wynwood se situe au nord de Miami, à quelques encablures des plages et des hôtels de South Beach, prisés des « Spring Breakers », étudiants qui viennent y faire la fête à outrance entre deux semestres de cours. C’est un ancien quartier industriel : les industries agro-alimentaires des années 1920 (une emblématique boulangerie, une usine Coca Cola) ont cédé la place aux manufactures textiles, elles-mêmes ensuite remplacées par des entrepôts et des magasins de gros spécialisés dans le vêtement, ce qui valut au secteur le surnom de « Garment District ». Wynwood est traditionnellement un quartier d’immigrés d’origine latino-américaine, notamment cubaine et portoricaine, d’où l’appellation de Little San Juan.
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Wynwood, l’art monumental comme nouvelle identité
Le quartier de Wynwood se structure autour d’une avenue principale orientée nord-sud, NW 2nd Avenue (photos 2 et 3), le long de laquelle sont concentrés la plupart des murals (carte des principales œuvres). Les anciens entrepôts laissent la place à des galeries d’art, des boutiques de créateurs et des restaurants. En 2012, on ne trouvait qu’un seul café sur cette avenue, Panther Coffee, mais progressivement, d’autres établissements ont ouvert, avec pour point commun une esthétique industrielle et une ambiance décontractée-chic.
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Les murs sont vivants et changent d’une année sur l’autre, notamment en décembre de chaque année avant Art Basel Miami : certaines fresques, aussi imposantes soient-elles, disparaissent totalement ou partiellement des murs devenus palimpsestes urbains (photo 4). Les temporalités évènementielles de la ville participent donc d’une périodicité des murals qui incite les visiteurs à revenir régulièrement. L’avantage économique est double : cela permet d’exposer davantage d’artistes, mais aussi d’attirer les mêmes visiteurs plusieurs fois.
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L’ambiance change radicalement en quelques blocs : sur l’avenue parallèle à la 2e avenue, les activités traditionnelles du quartier sont encore présentes : magasins de gros spécialisés dans les vêtements, les chaussures, les cosmétiques capillaires, ou encore les déguisements et produits de fête. Certaines façades peintes font écho à l’activité principale, la plupart en sont déconnectées.
Le quartier connaît donc une double temporalité, complémentaire : de jour et en semaine, une activité marchande banale (photo 5) ; le soir et en fin de semaine, une activité récréative spécifique dans des espaces qui ne se pas encore tout à fait les mêmes (photos 2, 3).
Les règles de stationnement ont évolué au cours des dernières années : alors que l’on pouvait se garer librement en 2012, le stationnement est devenu progressivement payant dans un nombre croissant de rues, selon un gradient dégressif partant de l’artère principale.
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Un renouveau d’initiative privée
« Wynwood Walls », au cœur du quartier, est l’un des fers de lance de la renaissance du secteur (photos 8, 9). Inaugurée en 2009 par le fondateur de Goldman Properties, Tony Goldman (1943-2012), c’est une galerie à ciel ouvert d’œuvres d’artistes réputés, parfois protégées par une corde et accompagnées d’un cartouche. Alors que les murals dans la rue sont soumis aux aléas du renouvellement annuel lié à Art Basel, ceux-là sont institutionnalisés, ceints de grilles fermées la nuit.
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Ce qui est aujourd’hui le terrain d’expression d’artistes du monde entier essentiellement sous la forme de fresques monumentales était à l’origine celui d’artistes locaux sous la forme de tags et de graffitis. Comme de nombreux quartiers industriels désaffectés, Wynwood était devenu un paradis des graffeurs, dont la RC Cola Plant (photo 10) était aussi bien un haut lieu de l’art illégal local, que le symbole même du « problème graffiti » du sud de la Floride2 . L’arrivée des investisseurs et curateurs allochtones – capitalisant les retombées d’une initiative locale récente, Primary Flight3 – institutionnalise une pratique de fait, informelle, et la transforme en une source de valeur économique, que ce soit par la valorisation du foncier, la valorisation commerciale ou encore les produits dérivés du quartier « Wynwood », devenu une véritable image de marque (photo 11).
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Si les murals de Wynwood sont apparus dès le milieu des années 2000, ils deviennent une destination touristique de plus en plus prisée au cours des années 2010, aussi bien par des jeunes urbains amateurs de street art que des familles avec enfants. Signe du succès grandissant du quartier, ses rues sont désormais sillonnées par un « Big Bus », bus à impériale au toit ouvert permettant aux touristes de voir les murals sans effort depuis la chaussée (ce que la monumentalité des œuvres facilite encore). Les piétons (ou les cyclistes utilisant des vélos en libre-service) aiment à se faire prendre en photo devant le mural (photo 12), photo qui se retrouvera sans doute comme image de profil sur les réseaux sociaux. Cette présence numérique gratuite contribue en fait à la promotion du quartier, mais aussi de la ville entière, qui bénéficie ainsi d’une image de marque renouvelée, plus branchée.
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La valorisation symbolique du quartier par les créateurs de tendance que sont les artistes, amplifiée par la présence des curateurs et relayée sur les réseaux sociaux, permet une valorisation économique, foncière en l’occurrence, du quartier, matérialisée par l’arrivée des investisseurs immobiliers. Le changement récent du règlement d’affectation des sols facilite cette mutation vers des fonctions commerciales et résidentielles (photo 13). En conséquence, des promoteurs proposent désormais des immeubles d’habitation de standing (photo 14).
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Ainsi, à l’exception des Wynwood Walls, forme aboutie d’institutionnalisation de l’art de rue et d’appropriation spatiale, ces diverses formes artistiques sur les murs de Wynwood sont précaires et temporaires, voire transitoires quand il s’agit de favoriser d’autres formes de valorisation de l’espace par le biais de l’immobilier (valorisation foncière) ou d’activités commerciales (magasins et restauration).
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Mais des disparités socio-spatiales exacerbées
Tout Wynwood ne connaît pas un mouvement uniforme de régénération : vers la bordure sud-est de l’avenue principale se trouvent la voie ferrée, des installations industrielles et des carrosseries toujours en activité. Il y a moins de murals, moins de galeries, les artistes semblent moins réputés ; le stationnement y est gratuit. Sans parler de coupure nette ou d’effet frontière, il y a néanmoins une discontinuité dans l’occupation de l’espace par l’art et une mutation moins nette des activités : cette avancée des rues colonisées par des murals d’artistes prestigieux constitue une sorte de « front de muralisation »4 qui gagne vers les marges du secteur (photo 15).
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Cette nouvelle centralité artistique coexiste encore avec des marques tangibles de marginalité sociale (photo 16). Mais la rapidité de ces changements et ces nouveaux usages induisent aujourd’hui une pression croissante sur l’immobilier dans Wynwood, et ses habitants. Ainsi, de l’autre côté de l’avenue principale, un quartier résidentiel abritant des populations hispaniques modestes fait aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises (photo 17).
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Et des murs porteurs de contestation
Cette mutation rapide du quartier ne va pas sans susciter des contestations lisibles sur les murs eux-mêmes, que ce soit en apposition sur les murals (photo 18), ou par le sujet des murals eux-mêmes (photo 19).
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Alors que tags et graffitis sont généralement vus comme un marqueur du déclin d’un quartier, un signe de dévalorisation symbolique et économique des lieux, ils sont transformés à Wynwood en levier de développement urbain. L’investissement privé, en se réappropriant ce déjà-là, institutionnalise un art de rue spécifique – celui du mural – à divers degrés, allant jusqu’à la clôture de certaines œuvres. Pour autant, cela n’exclut pas le maintien de tags et graffitis non institutionnels, dans des espaces plus ou moins distincts. Les murs, et l’art dont ils sont porteurs, sont ainsi instrumentalisés à des fins de valorisation économique – instrumentalisation d’autant plus fructueuse qu’elle s’appuie sur un renouvellement périodique des œuvres. C’est un cercle vertueux qui semble s’être installé en quelques années puisque la hausse de fréquentation et le développement commercial sont manifestes. Les murals sont donc l’expression d’une revitalisation par l’art d’un quartier dégradé. Cette revitalisation est cependant en bonne partie le fait d’acteurs exogènes confortés dans leur action par l’acteur public local. La captation de la valeur produite semble se faire au profit d’un groupe restreint : ni les artistes, ni les capitaux ne sont floridiens (ni les visiteurs probablement).
Les murals de Wynwood ont donc créé une nouvelle centralité artistique à Miami. Non seulement cela permet une diversification des atouts de la ville balnéaire dans la compétition métropolitaine. Mais cela participe également à la montée en gamme (Rousseau, 2014)6 de Miami, où un Design district jouxte Wynwood, et abrite des boutiques de luxe (Louis Vuitton, Hermès, etc.) qui semblent un terminus tout indiqué aux visiteurs de Wynwood les plus fortunés.
Cependant, comme dans les autres endroits connaissant des mécanismes de gentrification, cette revitalisation par l’art d’un quartier se fait au détriment des populations locales. Le fossé entre les autochtones et les nouveaux usages est devenu patent quand les écoles de Wynwood ont vu leurs dotations pour enseigner l’art suspendues. Le « RAW Project » (Re-Imagining the Arts in Wynwood) a alors été mis en place pour y remédier en demandant à des street artists étant intervenus dans le quartier de peindre les murs de l’école. Dans quelle mesure n’est-ce pas un projet cosmétique destiné à faire oublier les inégalités sociales croissantes dans le quartier ?
AURÉLIE DELAGE
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Aurélie Delage est maître de conférences en aménagement et urbanisme à l’Université de Perpignan Via Domitia, chercheuse à l’UMR 5281 Art-Dev. Ses travaux portent principalement sur la compréhension des mécanismes de création de valeur dans les espaces urbains occidentaux, en particulier en contexte de renouvellement urbain près d’une infrastructure de transport (quartiers de gare, autoroute urbaine) et dans des territoires en déclin. Les interactions entre acteurs publics et acteurs de l’immobilier retiennent particulièrement son attention.
aurelie.delage AT univ-perp DOT fr
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Couverture : « Art is all you need » (Delage, 2012)
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Bibliographie
Ambrosino C., Lauren A., 2008, « Friches en ville : du temps de veille aux politiques de l’espace », Espaces et sociétés 2008/3 (n° 134), 37-51.
Clerval, A., 2013, Paris sans le peuple. La gentrification de la capitale, La Découverte, Paris, 256 p.
Cole D., 1987, « Artists and Urban Redevelopment », Geographical Review, Vol. 77, No. 4 (Oct., 1987), 391-407.
Genin C., 2016, Le street art au tournant. De la révolte aux enchères, Les Impressions Nouvelles, Paris, 272 p.
Gravari-Barbas, M., Violier, P. (dir.) 2003. Lieux de culture, culture des lieux. Production(s) culturelle(s) locale(s) et émergence de lieux : dynamiques, acteurs, enjeux. Rennes, PUR, 306 p.
Grésillon B., 2014, Géographie de l’art. Ville et création artistique, Editions Economica, Paris, 256 p.
Liefooghe C., 2013, « Éditorial : Place et rôle des artistes dans la dynamique des quartiers culturels et créatifs », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement 17-18 | 2013, en ligne.
Pinçon M., Pinçon-Charlot M. (1992), Quartiers bourgeois, quartiers d’affaires, Payot, Paris, 329 p.
Rousseau M. (2014), « Redéveloppement urbain et (in)justice sociale : les stratégies néolibérales de « montée en gamme » dans les villes en déclin », justice spatiale | spatial justice, n° 6 juin 2014, en ligne.
Vivant E. et Charmes E., 2008, « La gentrification et ses pionniers : le rôle des artistes off en question », Métropoles 3 | 2008, en ligne.
- L’amélioration de l’agrément de la marche dans le quartier est d’ailleurs un des objectifs affichés du BID de Wynwood). [↩]
- Voir cet article de presse relatant l’arrestation spectaculaire de Crook peu de temps après que le duo qu’il formait avec Crome ait commis un immense tag sur le mur de la RC Cola Plant, hautement visible depuis l’autoroute I-95. [↩]
- Primary Flight est un collectif local qui avait dès 2007 créé, sous la houlette de Books IIII, un évènement en parallèle de Art Basel Miami : 35 artistes étaient invités à « exposer » à ciel ouvert sur les murs de la RC Cola Plant, dans le but d’étoffer leur réseau professionnel. L’initiative, initialement en marge – voire en contestation – d’Art Basel Miami créé cinq ans plus tôt, a été reconduite les années suivantes avec un succès croissant. [↩]
- Nous forgeons cette expression par référence au « front de gentrification » (Clerval, 2013) qui désigne, à l’instar des fronts pionniers, l’avancement progressif des rues gentrifiées dans un quartier. [↩]
- Sur le site officiel du comté de Miami-Dade, le cadastre de la ville de Miami est en accès libre, mentionnant les principales caractéristiques d’une parcelle, ainsi que le nom de son propriétaire. Malheureusement, la date d’achat n’est pas indiquée et ne permet pas d’apprécier la rapidité de la mutation immobilière du quartier, voire les phénomènes de spéculation ou d’éviction. Une enquête de terrain plus approfondie, interrogeant les habitants de ces rues, serait nécessaire. [↩]
- Max Rousseau (2014) propose cette expression issue du marketing pour qualifier les nouvelles politiques urbaines, et la définit comme « une stratégie urbaine visant à créer en centre-ville un environnement plaisant pour la classe moyenne, tant dans les domaines de l’habitat que de l’emploi et des loisirs (culture, consommation) ; une stratégie dont la gentrification constitue certes un élément important, mais qui vise plus généralement à vendre l’ensemble des usages des quartiers centraux à ce groupe social, et, pour ce faire, à en modifier préalablement l’image. » [↩]